Gouvernement Barnier
La macronie s’accroche au pouvoir

Emmanuel Macron, Michel Barnier et les membres du nouveau gouvernement lors du conseil des ministres du 23 septembre 2024.
Emmanuel Macron, Michel Barnier et les membres du nouveau gouvernement lors du conseil des ministres du 23 septembre 2024. (Crédit : Christophe Ena / AFP)

Malgré sa dégringolade aux dernières législatives, le camp présidentiel est présent en force au sein du nouveau gouvernement Barnier. Les fidèles de Macron qui figurent dans la recomposition de l’exécutif n’ont pas tardé à remercier le chef de l’Etat.

Ce 23 septembre ont eu lieu les passations de pouvoir entre les ministres de Gabriel Attal et leurs successeurs qui entrent dans le gouvernement de Michel Barnier, dont le CV affiche, entre autres, plus de quinze ans de bons et loyaux services à la Commission européenne.

Désavoué par les urnes, la macronie s’impose au gouvernement

La reconfiguration de l’exécutif français est marquée par une forte présence de la macronie qui, en dépit d’une impopularité croissante auprès des Français, a raflé pas moins de 11 postes de ministres de plein exercice sur 17 (soit près de 65% des portefeuilles en question) et obtenu au total près de la moitié des 39 affectations de ce nouveau gouvernement, lorsque l’on prend en compte les postes de ministres délégués.

Pour rappel, aux dernières élections législatives, le camp présidentiel a perdu de nombreux sièges à l’Assemblée nationale où, avec seulement 99 députés élus sous la bannière « Ensemble pour la République » (LCP, 19 juillet 2024), il représente désormais moins d’un cinquième des députés. Et ce, malgré son pacte avec le Nouveau front populaire (NFP) qui, au nom du « barrage » contre le RN, a donné lieu à de nombreux désistements en amont du deuxième tour du scrutin, au profit de plusieurs dizaines de figures macronistes, parmi lesquelles Elisabeth Borne ou encore Franck Riester (Ouest France, 2 juillet 2024). Ces manœuvres ont été analysées par la chaîne YouTube Le Fil d’actu, dans une vidéo intitulée « Comment Macron a réussi son coup (d’Etat) ». Notons qu’avec leurs plus proches alliés (Les Démocrates et Horizons & Indépendants), les macronistes avaient toutefois réussi à revendiquer une coalition présidentielle de 166 députés, soit 28,77% de la composition totale de l’hémicycle (contre 250 sièges obtenus en 2022, ce qui correspondait alors à 43,32% de l’hémicycle).

Courbettes macronistes…

La liste suivante fait figurer les macronistes ayant obtenu un poste de ministre « de plein exercice » – c’est à dire qui dirigent le ministère qui leur est confié (contrairement aux ministres délégués qui s’occupent de certaines missions spécifiques d’un ministre) – et leurs remerciements au chef de l’État.

Catherine Vautrin, désormais ministre des Partenariats avec les Territoires et de la Décentralisation, a exprimé son « immense reconnaissance envers le Président de la République ».

Anne Genetet, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, a également rapidement tenu à « remercier le Président de la République ».

Ancien ministre délégué chargé du numérique puis ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot, est monté en grade et s’est félicité d’avoir été « nommé ministre de l’Europe et des Affaires étrangères par le président de la République ».

Sébastien Lecornu, qui a été reconduit ministre des Armées et des Anciens combattants, a aussi exprimé ses « remerciements au Président de la République ».

Egalement déjà en place sous le gouvernement Attal, Agnès Pannier-Runacher, désormais « ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques », s’est aussi dit « très honorée de la confiance du Président de la République ».

« Merci au Président de la République », a encore écrit Antoine Armand, qui accède au poste de ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie.

Idem pour Geneviève Darrieussecq, qui est devenue ministre de la Santé et de l’Accès aux soins.

« Très honoré » est également le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Paul Christophe, qui n’a, comme les autres, pas manqué de remercier le président de la République.

Un honneur partagé par Astrid Panosyan-Bouvet, nouvelle ministre du Travail et de l’Emploi. « Merci au Président de la République et au Premier ministre », a-t-elle également écrit.

Enième « Merci au Président de la République », de la part de Guillaume Kasbarian, ministre de la Fonction publique, de la Simplification et de la Transformation de la fonction publique.

Enfin, Rachida Dati, ministre de la Culture a également fait savoir qu’elle était « profondément honorée par la confiance renouvelée d’Emmanuel Macron ».

Des Républicains également surreprésentés

La nouvelle composition du gouvernement accorde par ailleurs un quart des portefeuilles aux Républicains (LR) alors que la représentation à l’Assemblée nationale de ce parti de droite est aujourd’hui en dessous des 7 %. Certains des profils LR retenus par Michel Barnier sont d’ailleurs aujourd’hui épinglés dans la presse pour des positions qui crispent sur le volet sociétal. « Une dizaine de ministres sont pointés du doigt pour leurs prises de position contre l’interruption volontaire de grossesse [IVG], l’élargissement des droits des personnes LGBT ou encore en faveur de l’enseignement privé catholique », relate par exemple Libération en évoquant, entre autres, les cas de Bruno Retailleau, ancien sénateur désormais ministre de l’Intérieur, ou encore de l’ex-sénatrice Laurence Garnier, nouvelle secrétaire d’Etat à la Consommation.

Les partis d’opposition restent à l’écart

La formation du nouveau gouvernement n’inclut aucune personnalité issue du NFP ou du Rassemblement national (RN). Pour rappel, la très hétérogène alliance NFP a boycotté toute participation au gouvernement depuis le refus par Emmanuel Macron de nommer Lucie Castet à Matignon, tandis que le parti de Jordan Bardella a revendiqué à plusieurs reprises son pouvoir d’influence sur certaines thématiques portées par l’exécutif – notamment sur l’immigration et la sécurité, où le RN entend « forcer [Michel Barnier] à légitimer son discours » (Matthias Renault, député RN de la Somme, cité par Le Monde).

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