Alexis Kohler (très) secret (6/6)
Une « saga familiale digne d’Hollywood ou de Netflix » selon la presse israélienne

L’acteur Gérard Depardieu, « ambassadeur » du paquebot MSC Musica, aux côtés de Rafaela et Gianluigi Aponte lors de l’inauguration du bateau en 2006 au Port de Saint-Nazaire.  | photographie Frank Perry/AFP

Enquête | « Alexis Kohler (très) secret » (6/6). Au pic des très vives tensions franco-israéliennes de l’automne dernier, alors qu’Emmanuel Macron menaçait Benjamin Netanyahou d’un embargo sur les armes, un magazine israélien publiait – et c’est une première dans la presse israélienne – une copieuse enquête sur les racines palestiniennes d’Alexis Kohler. Édité en hébreu, cet article, dont l’opportunité interpelle, présente l’histoire du secrétaire général de l’Élysée comme une « saga familiale digne d’Hollywood ou de Netflix » et exhume du passé – mi-figue, mi-raisin – un mystérieux terrain de 800 m2 à Haïfa…

Jusqu’à une date toute récente, la presse israélienne paraît avoir complètement ignoré tant la saga de la famille Aponte que les racines personnelles d’Alexis Kohler, le lointain cousin officiant pourtant au sommet de la vie politique en France.
Il faut fouiller avec obstination pour parvenir à dénicher un petit article évoquant en juin 2006 dans une modeste publication, Port to Port, les liens familiaux entre MSC et Israël. Pour le reste, néant. Le désert du Néguev. Étonnant, dans la mesure où la presse israélienne paraît a priori la mieux placée pour traiter le sujet du simple fait de son aisance à lire l’hébreu ou à débroussailler une généalogie complexe remontant à l’empire ottoman.

Contrairement à la France où la presse d’opinion est étroitement encadrée, en Israël elle est totalement libre. La seule contrainte qui pèse sur elle relève de la sécurité nationale où dans ce cas la censure s’exerce avec vigueur.

Netanyahou furieux contre Macron

Enfin, c’était vrai jusqu’au 15 octobre dernier. Coïncidence ou pas, c’est au pic d’une crise inédite entre Paris et Tel-Aviv, le 15 octobre 2024, qu’un site Internet « colbonews », publie – en hébreu – une copieuse enquête sur les racines familiales d’Alexis Kohler et choisit donc de rappeler le secrétaire général de l’Elysée à ses origines.

Traduction en français du titre de l’article publié le 15 octobre 2024 sur le site de colbonews.

Tout part d’une prise de parole présidentielle, après 12 mois de bombardements intensifs israéliens sur Gaza ayant fait au moins 40 000 morts. Le 1er octobre, dans un contexte où les dirigeants israéliens sont dans la mire de la Cour pénale internationale, Emmanuel Macron déclare sur France Inter : « Je pense qu’aujourd’hui, la priorité, c’est qu’on revienne à une solution politique, qu’on cesse de livrer les armes pour mener les combats sur Gaza ».

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, va très mal prendre cette sortie de Macron. Le 5 octobre, il réplique vertement : « Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés devraient se tenir fermement aux côtés d’Israël. Pourtant, le président Macron et d’autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à des embargos sur les armes contre Israël. Ils devraient avoir honte. L’Iran impose-t-il un embargo sur les armes au Hezbollah, aux Houthis, au Hamas et à ses autres mandataires ? Bien sûr que non. Cet axe de la terreur est uni. » CQFD : Paris se serait rangé du côté des barbares.
C’est dans ce contexte explosif que paraît « pour la première fois » l’enquête de « colbonews ». Émanation de « Kalvo », c’est un magazine régional créé en 1975 au nord d’Israël, et qui se présente comme spécialiste de l’investigation sur Haïfa et sa région.

Retour à Haïfa

Un mot d’Haïfa : avec ses 250 000 habitants installés sur les bords de la Méditerranée, c’est la troisième ville d’Israël et le plus grand port de l’Etat hébreu. En eau profonde, il est capable d’accueillir les plus gros navires de marchandises comme ceux de la flotte de guerre américaine qui y stationnent en permanence. C’est un endroit stratégique, vital, pour Israël, petit Etat entouré à ses frontières terrestres de voisins arabes historiquement hostiles. L’économie et la sécurité d’Israël dépendent en effet de sa capacité à exporter comme à importer. Le transport aérien, en cas de crise majeure, ne peut suppléer que très partiellement le fret maritime. Un avion-cargo peut transporter 100 tonnes de fret, le plus gros vraquier actuel 400 000 tonnes !

Capture d’écran d’une fiche produit décrivant Haïfa (site de la compagnie maritime MSC)

En 1948, les pays arabes décidèrent de boycotter Haïfa au profit de Beyrouth pour le transit de toutes les marchandises importées d’Europe. Il faut attendre les récents accords d’Abraham en 2020 – désormais remis en question – pour assister aux premiers échanges maritimes directs entre les pays du Golfe et l’État hébreu. Actuellement en pleine rénovation, le port de Haïfa nourrit les plus grandes ambitions.

L’introduction de l’article de Colbonews sur les racines israéliennes d’Alexis Kohler mérite que l’on s’y arrête : « Il s’agit d’une histoire qui traverse les frontières et les siècles et qui, si elle n’était pas fidèle à la vérité, pourrait devenir un scénario hollywoodien fictif et fascinant. C’est l’histoire d’une famille juive israélienne dont les descendants occupent actuellement les centres du pouvoir sur la politique mondiale et sur le marché des capitaux. Et précisément aujourd’hui, à l’heure où les relations entre Israël et la France sont incertaines et où le président de la République Emmanuel Macron menace d’un embargo sur les armes, cette histoire est plus que jamais d’actualité. » « Scénario fascinant », mais pourtant « bien réel », des descendants qui « occupent les centres du pouvoir sur la politique mondiale et sur le marché des capitaux ». Voilà bien résumé tout ce qui a échappé à la presse française mainstream depuis 2017.

Kohler, « proche de nous »

« Au centre de l’intrigue, poursuit le confrère israélien, se trouve Alexis Kohler. Pour beaucoup en Israël, ce nom ne signifie sûrement rien, mais Kohler – descendant d’une famille profondément enracinée dans le développement et la construction de Haïfa, est le secrétaire général de l’Élysée et est considéré comme le deuxième personnage de l’État dans la hiérarchie politique en France après le président. Nommé à ce poste par Macron, son ami de longue date, il est considéré comme proche de nous et un homme de confiance. Pour découvrir comment Kohler est devenu le bras droit du président français, nous avons plongé dans l’histoire de la famille à travers les générations, et son histoire est aujourd’hui présentée pour la première fois (souligné en gras par Off Investigation, ndlr) ». L’article aborde ensuite trois points principaux : la politique, le volet familial et enfin, une partie « immobilière ».

D’abord, la politique et les rapports franco-israéliens. « La politique française envers Israël se caractérise par des zigzags tout au long de la guerre. D’un côté, Macron a appelé à un cessez-le-feu de trois semaines au Liban – un pays dans lequel la France a de nombreux intérêts – et a menacé d’imposer un embargo sur les armes. Et comme si cela ne suffisait pas, l’Élysée a annoncé la convocation d’une conférence de soutien au peuple libanais et à ses institutions. D’un autre côté, Macron réaffirmé le droit d’Israël à se défendre, et a même accueilli des membres des familles des personnes enlevées à l’occasion de l’anniversaire du 7 octobre. D’ailleurs, le 20 octobre de l’année dernière, deux semaines après le massacre dans l’enceinte de Gaza, Macron a eu un appel vidéo avec les familles des citoyens français kidnappés, avec Kohler à ses côtés. Peu de temps après le massacre, Macron a également proposé de créer une coalition internationale contre le Hamas et a provoqué la colère des pays arabes, et il a même condamné la première attaque de missiles et de drones iraniens, mais en même temps, il s’est prononcé contre le nombre de morts à Gaza et a exigé un cessez-le-feu. L’année dernière, les médias français ont fait état de divergences d’opinions au sein de l’équipe de Macron. Quant à l’attitude de la France à l’égard du Hamas, il n’a pas été indiqué si Kohler y était pour quelque chose ».

Rafael Hakim le patriarche

L’article se poursuit par une copieuse partie généalogique, concernant la famille d’Alexis Kohler. En Alsace comme en Palestine.
Au sommet, le patriarche Rafael Hakim, né à Acre en 1876, à l’époque de l’empire Ottoman. Il épouse Sol Asia et figure parmi les premiers Juifs à s’installer à Haïfa dans la première moitié du XIXe siècle.

Généalogie familiale d’Alexis Kohler. La mère d’Alexis – Sola – avocate et personnalité discrète mais influente du marché de l’art, est décédée à Strasbourg en 2021.

Il apparaît que Rafael fut à la fois un prospère homme d’affaires dirigeant une société commerciale qui avait à l’époque le monopole de l’importation des produits alimentaires, des matériaux de construction, comme de l’exportation des céréales. C’est aussi un personnage public ayant des responsabilités politiques à la mairie d’Haïfa où il représente la communauté juive dans une municipalité alors dirigée par les Arabes.

Ça ne se passe pas toujours très bien, précise l’article ; ses coreligionnaires lui reprochant d’agir insuffisamment en faveur d’une communauté qui déplore son manque de représentativité dans l’administration des affaires municipales : « À cette époque (en 1926,) Haïfa était une ville dont la majorité des habitants étaient Arabes. Le secteur juif s’est indigné du fait que la municipalité employait des travailleurs arabes et évitait de mélanger des travailleurs juifs, et les deux ont exigé qu’elle publie ses offres d’emploi dans les journaux hébreux (…). Hakim et Shabtai Levy se sont également battus pour la nomination d’un secrétaire juif dans la municipalité, car jusqu’alors, il n’y avait que des Arabes dans le personnel de bureau de la municipalité, mais l’initiative n’a pas abouti, au grand désarroi des membres du comité communautaire ».

Rafael Hakim, personnage prospère et important (il est étroitement lié à Shabtai Levy qui deviendra le premier maire juif d’Haïfa sera aussi à l’origine d’une vaste opération immobilière avec la création dès 1906 du quartier d’Herzliya), avait l’ambition de construire le premier quartier juif de Haïfa : « Pour eux, le nouveau quartier sera la base d’un environnement national hébreu, où les Juifs de Haïfa pourront vivre une vie nationale commune, ce qui manquait et était impossible à maintenir dans les quartiers juifs existants. Les membres considéraient la création d’un nouveau quartier moderne comme un moyen de rehausser le statut des Juifs parmi les Arabes et les étrangers à Haïfa et de renforcer leur prestige. »

Rafael Hakim est décédé fin 1941. Le 13 novembre de cette année-là, le quotidien Haaretz lui rend hommage : « Hier, Rafael Hakim, l’un des éminents sépharades et vétérans de la colonie juive de Haïfa, et fondateur du quartier d’Herzliya, est décédé à Haïfa, à l’âge de 65 ans. Né à Acre et arrivé à Haïfa à l’adolescence, il était l’un des plus grands marchands de céréales de la ville. Sous l’occupation britannique, il fut nommé membre de la municipalité de Haïfa et occupa ce poste jusqu’en 1927. Ses funérailles ont eu lieu hier après-midi en public. »

Victor : Un grand père aux abonnés absents

Rafael et Sol Hakim eurent deux enfants : une fille Régine et un fils, Victor. Victor épouse Renée, le couple n’a qu’un enfant, Sola, mère d’Alexis Kohler. Régine, elle, va faire un beau mariage. Elle épouse Pinchas Diamant, banquier à Genève, en Suisse, et le couple donne naissance à Rafaëlla, qui hérite donc du prénom de son grand-père.

L’article israélien reconnait ensuite peiner à reconstituer la vie du grand père maternel d’Alexis Kohler à Haïfa : « Les détails sur Victor Hakim sont rares. Des sources individuelles indiquent qu’il possédait une entreprise de transport et de commerce et on peut conclure qu’il n’était pas impliqué, comme son père, dans la vie publique de la ville. »
Après la seconde guerre mondiale, la création d’Israël, en 1948, va bouleverser la vie de la maman d’Alexis Kohler, qui émigre vers la Suisse. « À ce stade, l’intrigue s’étend et se déplace vers l’Europe. Après la création de l’État, avec le déclenchement de la Guerre d’Indépendance, alors qu’elle n’avait que 20 ans, Victor et Renée Hakim envoyèrent leur fille Sola étudier à Genève. Elle y rencontre Charles Kohler et l’épouse en 1953. En Suisse, elle rencontre sa tante Régine, qui s’y installe avec son mari qui travaille comme représentant de la Banque Leumi Israël ».

On comprend donc que Victor, grand père d’Alexis, pourtant héritier d’un notable et prospère homme d’affaires d’Haïfa, a plus ou moins disparu du paysage du monde des affaires comme de la vie publique. On sait pourtant qu’au début des années 50, il dispose avec son épouse des moyens considérables qu’il fallait mobiliser à l’époque pour envoyer leur fille étudier en Suisse. Ceci alors qu’Israël traverse une période marquée par des mesures de rationnement drastiques, comme les 60 grammes de sucre par mois et par personne, 75 grammes de viande, 17 de riz, etc. Une quasi famine que les historiens qualifieront de « Tzena », littéralement « la disette ».

Au moment de la création d’Israël, Victor Hakim et sa famille échappent donc et de très loin à ces temps difficiles. D’où vient leur fortune ? Off investigation, lors de ses propres recherches, a bien retrouvé trace d’un « Victor Hakim ». Originaire de Haïfa, il avait été « accroché » avant guerre dans le cadre d’un trafic de drogue.

Son nom apparaît dans les archives britanniques, et plus précisément dans un rapport adressé par la Grande-Bretagne à la société des nations (SDN) en 1938 et intitulé « COMITÉ CONSULTATIF SUR LE TRAFIC D’OPIUM ET D’AUTRES DROGUES DANGEREUSES »). On y lit que les autorités britanniques, alors puissance mandataire, ont saisi le 24 février 1937 à Naqura en Palestine, 27 Kilos et 500 grammes d’opium en provenance de Chine et ayant pour destination l’Égypte. Les personnes alors mises en cause sont Ahmad Battor Bast, de Beirut, et Victor Hakim, de Haïfa.

« En déplaçant deux caisses contenant de petites tables arrivées par camion de Syrie, le douanier a détecté une odeur étrange émanant des tables. Il a forcé le fond de l’une des tables et a trouvé de l’opium caché dans les pieds de la table. Le reste de l’envoi a ensuite été ouvert et toutes les tables se sont révélées contenir de l’opium. L’envoi était accompagné d’une lettre d’Ahmad Batt ordonnant aux transitaires de livrer les tables à Hakim », indique le rapport britannique. Seul le dénommé Ahmad Bast sera poursuivi devant la justice.

Extrait d’un rapport de la Société des Nations (SDN) sur les saisies liées aux transactions illicites (1938)

Quant à ce Victor Hakim qui trafiquait de l’opium, il peut naturellement s’agir d’un homonyme quand bien même est-il mentionné comme originaire d’Haïfa. Une piste à explorer en tout cas pour nos confères israéliens. Victor Hakim décède en 1975 à Haïfa. Un faire-part est publié dans le Jérusalem Post.

Rapport complet de la Société des Nations (SDN) sur les saisies liées aux transactions illicites (1er juillet 1938)

Un beau terrain de 800 m² en déshérence ?

Au fil de son enquête, le magazine israélien fait une petite découverte. Celle d’un terrain de 800 mètres carré, encore vierge de toute construction, à Haïfa dans le quartier de Ramat Golda. « Un endroit apprécié pour sa vue dégagée vers l’ouest sur la Méditerranée », assure Wikipédia. À titre de repère, une maison de 6 pièces et 285 m2, s’y négociait tout récemment pour une petite fortune : 1, 27 million d’euros. Documents du cadastre à l’appui, ledit terrain est toujours enregistré en 2024 comme appartenant à Renée Hakim.

Le titre de propriété de Renée Hakim,la grand-mère d’Alexis Köhler, d’août 2024 (Source : colbonews)

Celle-ci est pourtant décédée depuis belle lurette. Le couple Victor / Renée n’ayant qu’un seul enfant, « Sola » (la mère d’Alexis, elle-même décédée en 2021), une certaine logique voudrait qu’Alexis soit aujourd’hui l’heureux propriétaire de ce terrain de 800 m² situé sur les hauteurs de Haïfa. Pour s’en assurer, le journaliste dit avoir sollicité l’Élysée. Sans succès et donc sans réponse, assure-t-il.
Voilà donc pour l’essentiel. On relèvera au travers de cette enquête une discrétion de violette autour du géant maritime MSC et de Rafaëlla Diamant, à peine évoqués malgré leurs 86 milliards d’euros de chiffre d’affaire annuel.

Mésaventures en Mer Rouge : SOS Mossad

Ces derniers mois, les Houthis se sont faits, eux, bien peu discrets. Depuis octobre 2023 et la guerre à Gaza, ces rebelles yéménites soutenus par l’Iran et longtemps décrits comme une armée de va-nu-pieds, ont montré une capacité non négligeable à peser sur le conflit au Proche-Orient.

En plus d’envoyer des missiles et des drones sur Israël depuis le Yémen, ils ont pris l’habitude de menacer le trafic maritime en Mer Rouge, voie de navigation essentielle au commerce mondial. 20 000 navires s’y engouffrent en effet chaque année avant d’emprunter, plus au nord, le canal de Suez, porte d’entrée et de sortie des navires en route vers l’Europe ou l’Asie en évitant un long détour, bien plus coûteux, via l’Afrique du Sud. Depuis quelques années, les rebelles Yéménites ont ainsi multiplié les attaques près du détroit stratégique de Bab al-Mandeb, déployant pour l’occasion un arsenal inédit. Ils ont prévenu qu’ils cibleraient en priorité les navires ayant des liens avec Israël. Manifestement pas impressionnés par le caractère officiellement « italo-suisse » de MSC, les Houthis se comportent au contraire comme s’ils avaient affaire à une compagnie maritime très liée à Israël.

« Au moins 11 attaques des Houthis ont été perpétrées contre des navires du MSC »

Lloyd’s List Intelligence, service d’information spécialisé dans le trafic maritime.

C’est ce qui ressort d’une étude menée par Lloyd’s List Intelligence, un service en ligne professionnel délivrant une information détaillée sur « les navires, les entreprises, les ports, les accidents et des analyses du secteur », etc. En mai 2024, sous le titre « Les navires ne devraient pas être attaqués sur la base du passeport de leur propriétaire », cette publication révèle la politique des houthis visant à cibler en priorité la flotte de MSC.

Depuis novembre 2023, « au moins 11 attaques des Houthis ont été perpétrées contre des navires du MSC (…) Il était statistiquement peu probable que ce soit une coïncidence, et Lloyd’s List a désormais la preuve que MSC est pris pour cible dans le cadre d’une politique délibérée », avant de préciser : « La confirmation est contenue dans un courriel provenant de nul autre que du service de communication de la faction armée. Les navires ont été ciblés en raison de leur propriété [MSC], car l’un des propriétaires de la société possède la citoyenneté israélienne », a ouvertement admis le porte-parole Yahya Sare’e. L’actionnaire en question possède également des passeports suisse et italien. D’une manière ou d’une autre, seul le passeport israélien compte contre eux. Et Lyod list intelligence de conclure : « Il s’agit là d’un antisémitisme flagrant, bien sûr. Mais peu de gens s’attendraient à autre chose de la part d’une organisation dont le slogan officiel inclut les mots « Mort à Israël, malédiction aux Juifs » ».

Au regard de ce que nous savons désormais de l’histoire – il faut bien le dire fort peu transparente – de MSC, se pose désormais une question : le premier transporteur mondial de marchandises n’est-il pas tout simplement… israélien ? Quand il s’agit de sécuriser ses navires, en tout cas, Gianluigi Aponte ne fait manifestement confiance qu’en l’Etat hébreu.

Bien avant la guerre à Gaza, la piraterie maritime sévissait déjà depuis des décennies : en Mer Rouge, sur l’Océan Indien, sur le Golfe de Guinée. Devant l’ampleur du phénomène, les principales compagnies maritimes se sont mises à employer des SMP (sociétés militaires privées) qui, lourdement armées, assurent la protection des navires. En 2009, le quotidien italien l’Unita lèvera un coin du voile sur les choix du cœur d’Apponte en matière de sécurité maritime : « Les grandes compagnies maritimes s’étaient déjà organisées contre les pirates. MSC Croisières, propriétaire du Melody et de 11 autres grands navires, propriété du suisse et sorrentien Gianluigi Aponte, a par exemple engagé une société de sécurité israélienne « scuola Mossad » ». On ne traduit pas…

Extrait de l’article paru le 27 avril 2009 dans le journal italien l’Unita.

Une information confirmée par Aponte lui-même dans la revue professionnelle israélienne « Port to Port » qui relate l’attaque de ce navire de croisière de la compagnie MSC par des pirates somaliens : « Le propriétaire de MSC Croisières, Gianluigi Aponte, a déclaré qu’il était fier de la façon dont l’équipage à bord du MSC Melody a réagi à une tentative de détournement du navire de croisière par des pirates somaliens. »

« « Nous sommes très fiers que notre équipage ait prouvé sa capacité à faire face rapidement à l’urgence », a déclaré M. Aponte. « Le directeur général de MSC Croisières a déclaré que les agents de sécurité israéliens avaient été embauchés parce qu’ils avaient la réputation d’être les meilleurs. Et nous en avons eu la preuve », a déclaré Domenico Pellegrino. », lit-on. Les Israéliens, meilleurs protecteurs de MSC ? A quand la série sur Netflix ?

Les précédents épisodes de notre série « Alexis Kohler (très) secret » :

Episode 1/6 : Les conflits d’intérêts d’un vice-président

Episode 2/6 : Entre « Nomenklatura » israélienne et « malgré nous » alsacien

Episode 3/6 : « Do you want to be rich » avec Bernie Cornfeld ?

Episode 4/6 : MSC, la « Mafia shipping company » ?

Episode 5/6 : Des millions d’argent public pour le business (défiscalisé) des cousins Kohler

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