Le 10 octobre, le préfet de police de Paris publiait un arrêté interdisant les distributions alimentaires dans les Xᵉ et XIXᵉ arrondissements de la capitale. Contesté par l’association Utopia 56, cet arrêté était finalement suspendu par la justice. Mais il atteste de la volonté des Macronistes d’invisibiliser les SDF dans la perspective des JO 2024.
Dans une zone à cheval entre les Xᵉ et XIXᵉ arrondissements, les distributions alimentaires ont bien failli être interdites jusqu'au 10 novembre. Signé par le préfet de police Laurent Nuñez, un arrêté publié le 10 octobre les interdisait au motif que « ces distributions engendrent, par leur caractère récurrent, une augmentation de la population bénéficiaire (...) et contribuent, en corollaire, à stimuler la formation de campements dans le secteur ». Un lieu, d’après la préfecture, où « se retrouvent des migrants, des personnes droguées et des sans-domicile fixe »
Toujours le 10 octobre, la préfecture de police annonçait une salve d’évacuations au niveau du boulevard de la Villette. En tout, 398 sans-abris, essentiellement des hommes isolés d’origine afghane, ont été déplacés en banlieue au cours de la matinée, dans le cadre d’un transfert « en vue de leur (nouvel) hébergement ». Depuis, dans le quartier de Stalingrad, les rues sont désertes, et les lits et les tentes des exilés afghans ont laissé place aux terrains de basket vides.
3000 Sans domicile fixe à Paris
À Paris, environ 3 000 sans-abris sont comptabilisés chaque année, dont une majorité dans le nord et l’est de la capitale. Pour ceux qui y ont élu domicile, l’arrêté de la préfecture de police aurait compliqué l’accès aux denrées alimentaires distribuées par les associations.
Dans son arrêté, la préfecture de police de Paris évoquait des solutions alternatives pour les sans-abri : « d’autres services de restauration solidaire, d’épicerie sociale et de colis alimentaires demeurent disponibles dans le XIXe arrondissement » écrivait notamment la préfecture. Des lieux que l’on peut retrouver sur le site internet de la ville de Paris.
Mais ces alternatives sont-elles opérationnelles ? Concernant le seul restaurant solidaire du XIXe arrondissement évoqué par les services de Laurent Nuñez, des travaux ont provoqué sa fermeture jusqu’en 2024. Quant aux autres lieux, leurs adresses en ligne restent difficiles à trouver pour les sans-abris, qui bénéficient rarement d'un ordinateur ou d’un accès wifi.