Ces derniers mois, le locataire de l’Élysée a snobé les diplomates du quai d’Orsay, quitte à multiplier les “bourdes” à l’international. Résultat : il est devenu peu audible en Afrique, mais aussi au Proche-Orient.
La langue française a cela de bon qu’elle dispose d’un vocabulaire riche qui permet une grande précision dans l’expression. Le mot « fatuité » fait partie de ces bijoux. Il décrit l’état de ceux qui se font une haute idée d’eux-mêmes tout en ignorant les rires que cette prétention provoque tout autour d’eux.
Le président Emmanuel Macron incarne parfaitement cette ridicule satisfaction de soi-même notamment quand il s’agit de politique internationale. Elle appartient au domaine réservé du chef de l’exécutif selon notre Constitution. Mais le locataire de l’Elysée n’est pas censé agir en loup solitaire. Il dispose, pour l’aider à comprendre les enjeux planétaires, du troisième réseau diplomatique mondial après ceux de la Chine et des Etats-Unis. Pourtant, il le néglige, le contourne, semble le mépriser. Tout paraît se décider au sein du cabinet présidentiel sans que les professionnels de la diplomatie, acteurs et observateurs de terrain, déjà fortement ébranlés par la récente réforme du corps diplomatique, ne soient consultés.
Pantalonnade présidentielle
Les résultats de ce contournement sont consternants. La dernière pantalonnade présidentielle concerne le dossier sénégalais : les 9 et 10 novembre derniers, se tenait dans la capitale française, comme chaque année, le Forum de Paris sur la Paix. Le président Sénégalais Macky Sall faisait partie des invités. Emmanuel Macron l’a particulièrement mis à l’honneur en rendant hommage à sa bonne gouvernance : « Dans quelques mois, le président Macky Sall terminera son second mandat et je veux vraiment saluer son courage, son engagement et l’exemplarité qu’il porte sur le continent africain. Il a décidé que la démocratie s’exercerait comme elle doit s’exercer et qu’il y aurait des compétiteurs, ils sont multiples. Quand il y a des hommes d’État et d’engagement, ils avancent et protègent leur pays des troubles et vicissitudes du moment. »
Emmanuel Macron ne pouvait cependant rien ignorer de ce qui se déroulait alors dans ce pays ami : les élections présidentielles à venir se présentaient déjà sous de mauvais auspices. Plusieurs responsables de l’opposition avaient vu leur candidature au poste suprême refusée par le Conseil Constitutionnel. Parmi eux, Ousmane Sonko, homme politique africaniste et anti-impérialiste, est emprisonné depuis le mois de mai 2023 pour « dépravation de la jeunesse » après avoir été acquitté d’une accusation de viol. Son parti, le Pastef, a été dissous par le chef de l’Etat sénégalais le 31 juillet dernier. De nombreuses manifestations des partisans de Sonko avaient déjà, quelques années auparavant, déclenché une violente répression du pouvoir. Elle aurait fait plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Entre 500 et 1000 prisonniers politiques seraient actuellement en détention.