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L’absence du sénateur écologiste Guy Benarroche lors du vote du Sénat sur la candidature de Richard Ferrand au Conseil Constitutionnel le mercredi 19 février suscite l’embarras au sein de son groupe.
À une voix près, la nomination de Richard Ferrand au Conseil constitutionnel était bloquée. Cette voix, c’est peut-être celle des sénateurs écologistes qui a manqué en commission des lois mercredi 19 février lors du vote solennel des parlementaires commissionnaires. Et pour cause, l’un des sénateurs écolos siégeant au sein de cette commission était tout simplement… absent, comme l’a appris dès mercredi après-midi Off Investigation.
Le sénateur des Bouches-du-Rhône Guy Benarroche va-t-il entrer dans l’Histoire pour avoir permis à Richard Ferrand, le candidat d’Emmanuel Macron, de devenir l’un des « Sages » du Conseil constitutionnel et ce malgré un tir de barrage sans précédent?
« On est mort de honte et en colère »
Un sénateur écologiste
Contacté par nos soins, le sénateur Benarroche confirme son absence et affirme qu’il était « à l’étranger » pour « un voyage prévu depuis longtemps », mais pas dans le cadre de ses fonctions. Il n’empêche, s’il avait été présent, il aurait voté contre, comme ses camarades. Or, avec 59 voix, la candidature de M. Ferrand aurait été rejetée. Un « véritable traumatisme », pour le reste des sénateurs écolos, admet l’un d’eux sous le sceau de l’anonymat. « C’est catastrophique, on est mort de honte et de la colère », poursuit notre source.
L’embarras est évident au sein du groupe écologiste, tant la nomination de Richard Ferrand par Emmanuel Macron, entachée par des soupçons de « deal » avec le Rassemblement national, fait scandale. « C’est vrai que c’est embêtant », admet Guillaume Gontard, à la tête des Verts au Sénat, tout en tentant de minimiser la portée de ce raté. « Le groupe RDPI a demandé aussi un échange pour deux sénateurs », souligne le président du groupe. Mais l’élu « pensait qu’il y avait moyen de switcher avec un autre sénateur écologiste, ou de faire une procuration ».
Une possibilité prévue à l’Assemblée nationale. On a ainsi vu la députée Sandrine Rousseau prendre part au vote en remplacement d’un collègue alors qu’elle siège habituellement à la Commission des affaires sociales. Or, la demande des sénateurs écolos, transmise au président du Sénat Gérard Larcher, a été refusée. « On nous a répondu que ce n’était pas l’usage », précise M. Gontard. Le sénateur espère désormais « faire modifier le règlement du Sénat » pour le permettre, « peut-être en l’encadrant ».
« Légèreté innacceptable »
Entre temps, la nomination de Richard Ferrand, si décriée, a été entérinée ce vendredi 21 février par une décision publiée au Journal officiel. Le sénateur Benarroche n’a pas précisé sa destination à Off Investigation mais il est attendu de pied ferme par le reste de son groupe en réunion lors de la reprise des travaux du Sénat le 4 mars prochain. « Il faut qu’il le dise, s’il a merdé », déclare une sénatrice, « effondrée » par ce qu’elle considère comme « une légèreté inacceptable. »
D’autant que mis à part ce « couac », le groupe sénatorial « fonctionne bien », de l’avis général. Enfin débarrassé des scandales comme celui provoqué par l’ancienne sénatrice Esther Benbassa, exclue par ses pairs après des accusations de harcèlement moral, les écolos avaient repris des couleurs au Sénat. « Un faux pas aussi grave, c’est une première, réagit un sénateur de gauche, qui se « refuse de tirer sur l’ambulance ». Tout en ajoutant: « pour un vote aussi important, il fallait le mettre dans un avion et le faire revenir à Paris en urgence. » Peu connu du grand public, Guy Benarroche, qui siège pourtant au poste prestigieux de secrétaire au Bureau du Sénat, va peut-être enfin accéder à un début de notoriété avant de terminer son mandat. Mais pas comme il l’espérait…
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