➡️ Après deux ans d’épidémie de covid-19, une vague de démission inédite menace l’avenir des hopitaux publics. Mais pour les personnels qui jettent l’éponge, la crise sanitaire n’est que le révélateur d’un mal-être plus profond, qui prend racine dans les politiques de réduction de coûts menées par tous les gouvernements depuis les années 2000.
Depuis 20 ans, de nombreuses réformes ont mis la pression sur les hôpitaux. Restrictions budgétaires, « nouveau management public », tarification à l’activité. Or en raison du vieillissement de la population ou de la hausse de maladies chroniques telles que le diabète, le « besoin de soin » augmente de près de 4,5% par an. Mais depuis 2010, les gouvernement successifs limitent drastiquement la croissance de l’enveloppe budgétaire accordée chaque année à l’assurance maladie et aux hôpitaux à environ 2,5%. Résultat : pour dispenser 19% de soins en plus entre 2009 et 2019, ils n’ont pu embaucher que 3,7% de personnel en plus. En vingt ans, près de 82 000 lits d’hospitalisation complète ont été supprimés et sous l’influence de pratiques managériales inspirées du privé, les services fonctionnent de plus en plus à flux tendu.
C’est dans ce contexte qu’Emmanuel Macron arrive au pouvoir en 2017. Dans la droite ligne de ses prédécesseurs, il continue à demander des milliards d’euros d’économies aux hôpitaux, sans remettre en cause les logiques libérales qui ont mené à la crise actuelle de l’hôpital public. En 2019, le président de la République engage même un bras de fer avec soignants et médecins hospitaliers, mobilisés dans un mouvement social qui durera plus d’un an.
Il faudra attendre la première vague de covid-19, début 2020, et ses milliers de morts pour que le rapport de force change. L’exécutif semble alors prêter l’oreille aux revendications du personnel hospitalier, applaudis par les Français tous les soirs à 20 heures le temps d’un confinement, et qualifiés de »héros en blouse blanche » par le président. Mais malgré une enveloppe conséquente débloquée lors du Ségur de la Santé, aucune réforme structurelle n’a permis d’améliorer réellement la situation des hôpitaux.