Une centaine d’agriculteurs de Haute-Garonne et du Tarn dont les exploitations se situent sur le tracé de l’autoroute A69 vont être expropriés. 366 hectares dont 316 ha de terres agricoles sont concernés, avec des conséquences environnementales, sociales et humaines graves.
Dans une lettre ouverte publiée via le collectif La Voie est Libre (LVEL) le 10 janvier dernier, soixante sept agriculteurs, paysans et propriétaires de foncier sur le tracé de l'autoroute condamnaient sévèrement « (...) l'ignorance et l’absence totale de considération [des décideurs] pour les fondements de l’agriculture ». Las, ils ne sont pas plus écoutés que les multiples opposants à ce projet. Pour eux, c'est à partir de la déclaration d'utilité publique (DUP) de l'A69 initiée en 2018 par Elisabeth Borne que tout se joue.
Pour ceux qui exploitent des terres que l'A69 souhaite traverser, il y a deux solutions, choisies arbitrairement par les pouvoir publics, sans consultation des concernés. Soit l'exclusion d'emprise, lorsque l’aménageur paie au propriétaire le prix du terrain agricole (tel que fixé par la SAFER) plus une indemnité d’éviction à l’exploitant, qui comprend la perte de revenu subie. Il existe également des « indemnités accessoires », au cas par cas, par exemple pour la perte d'un équipement.
Soit l'inclusion d'emprise, qui correspond à l'expropriation « compensée » par un remembrement, autrement dit, un échange de terres. Dans le dossier A69, les deux options s'appliquent, selon les communes. Sur le terrain, les choses sont plus complexes. Comment évaluer le travail d'amélioration des sols qu’a réalisé l’exploitant, parfois sur plusieurs années ? Que dire de l'attachement à l'outil de travail qui est aussi un lieu de vie ? Comment palier la destruction d'un bien patiemment choyé ?