Faire trembler les politiques
Les Soulèvements de la terre publient un ouvrage collectif

Couverture du livre des Soulèvements de la Terre

Trois ans après son irruption dans le paysage politique, les Soulèvements de la terre publie un livre important, « Premières secousses » (La Fabrique éditions). Le mouvement écologiste et paysan y expose sa méthode d’actions, centrée sur le « démantèlement » des infrastructures toxiques et la reprise des terres, en esquissant des pistes quant à son devenir.

   

« Lutter avant qu’il ne soit trop tard. » Depuis 2021, les Soulèvements de la terre, organisation hybride d’activistes, crient l’urgence devant le désastre écologique et social en cours. Issus des marches climats, de groupes autonomes de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes aux cortèges des manifestations, du monde paysan et de collectifs locaux en lutte, ses membres multiplient sans faillir les actions dans tout l'hexagone. Leurs cibles : le monde du béton et le « complexe agro-industriel ».  

Ces deux secteurs, parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, sont jugés particulièrement responsables de l’artificialisation des sols et de l’accaparement des terres et de l’eau dont les Soulèvements de la terre ont fait leur terreau de lutte. La tâche est immense. Des milliards de tonnes de béton sont ainsi produites chaque année dans le monde, utilisant une quantité massive de carburants fossiles, d’eau et de granulats, mélange de sable et de gravats puisé en partie dans le lit des rivières hexagonales. En France, cette frénésie a contribué à doubler les surfaces artificialisées en 50 ans au détriment des terres agricoles selon des chiffres du ministère de l’agriculture. Devant ce constat, « la nécessité de se défendre ne fait pas de doute ». 

« Ce qui nous tue, nous avons le droit de le défaire » 

Aux « armes du ravage » - usines à ciment, machines à épandre des pesticides, fermes-usines, etc. – les Soulèvements de la terre opposent les leurs : blocage, occupation et, surtout, « désarmement ». Ce mode opératoire vise précisément à détruire les infrastructures « qui menacent la vie sur terre » tout en redonnant une « capacité d’agir » dans un contexte marqué par l’impuissance politique. Une phrase sert de mantra : « Ce qui nous tue, nous avons le droit de le défaire ». L’héritage de l’action directe défendue par les luddites anglais, les paysans-travailleurs des années 70 ou les faucheurs d’OGM est assumé.

Pour les Soulèvements de la Terre, la violence « n’est ni sacrée ni tabou », refusant tout « fétichisme de l’affrontement ». Le traumatisme de la manifestation contre la « méga-bassine » de Sainte-Soline en mars 2023 reste vivace. À l’époque, plus de 20 000 personnes avaient convergé dans les Deux-Sèvres pour dénoncer ce projet visant à puiser dans les nappes phréatiques en hiver afin d’irriguer, en été, les cultures céréalières asséchées de quelques irriguants. Bilan : plus de 5000 grenades tirées en à peine deux heures, au moins 200 blessé.es, dont 40 grièvement. L’un des manifestants, Serge, est resté 2 mois entre la vie et la mort.

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