Tout beau, tout jeune et les dents longues, Gabriel Attal est le nouveau chouchou du Président. Comme il se doit, le tout Paris médiatique loue son ascension. Mais celle-ci ne doit rien au hasard quand on connaît le réseau qui l’a porté au pinacle.
Il y est arrivé à 34 ans. Après avoir fait mine de tergiverser une nuit durant, le Président a finalement choisi son nouveau premier ministre en la personne de Gabriel Attal. Le matin même de sa désignation, dans une mise en scène ridicule, ce dernier jouait encore au ministre de l’Education nationale. Décidément pressé, Gabriel Attal n’aura occupé ce poste important que cinq mois.
C’est que des féées aussi puissantes qu’intéressées se sont penchées sur son berceau et s’activent depuis des mois pour dérouler leur plan : le poupon doit succéder à Emmanuel Macron au Château en 2027. Car c’est de cela dont il s’agit.
Ce n’est un secret pour personne – même Gala l’a écrit – Gabriel Attal est soutenu depuis longtemps par Brigitte Macron, l’épouse présidentielle. Couvant ce pur produit de l’école privée parisienne, la première dame, qui a également fait l’essentiel de sa carrière d’enseignante dans le privé, n’hésitait pas à pousser ses points de vue auprès du ministre telle cette lubie réac du retour de l’uniforme à l’école.
Une fois Gabriel Attal nommé, c’est donc sans surprise que Brigitte Macron s’est rendue au 13 heures de TF1 pour dire tout le bien qu’elle pense de son protégé : « courageux », « audacieux », « un homme d’action »…
Un éco-système s’épanouit dans l’ombre de Brigitte Macron
Dans l’ombre de la première dame, s’épanouit tout un écosystème politico-affairiste qui, au fil du délitement de la Macronie des origines, a fini par constituer un système dans le système. Le journaliste Marc Endeweld est l’un des seuls en France à enquêter sérieusement et dans la durée sur ces réseaux.
Dans son ouvrage « L’Emprise », paru en 2022, il pointe le parrainage de Gabriel Attal par une certaine Pascale Jeannin-Perez. Cette femme d’affaires multicartes n’est plus une inconnue du grand public depuis l’affaire Benalla. C’est en effet dans son appartement de l’avenue Foch, à Paris, que l’épouse d’Alexandre Benalla et leur bébé s’étaient réfugiés lorsque l’affaire avait éclaté.
Au sujet de sa relation avec Gabriel Attal, Marc Endeweld écrivait il y a deux ans déjà : « Auprès de ses amis, Pascale Jeannin-Perez ne tarit pas d’éloges sur son chouchou Gabriel Attal, l’actuel porte-parole du gouvernement, ainsi que sur son compagnon, Stéphane Séjourné, l’un des conseillers politiques d’Emmanuel Macron et par ailleurs député européen ». A l’époque, Gabriel Attal était en couple avec Stéphane Séjourné, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Un ami de Big Pharma
Le journaliste pointe également un proche de Pascale Jeannin Perez, Daniel Vial. Connu comme le loup blanc dans le tout-Paris, il est LE lobbyiste de Big Pharma. Entendre par là qu’il fluidifie les relations entre les laboratoires pharmaceutiques et les politiques. Relativement discret, Daniel Vial est celui qui a lancé la carrière politique de Jérôme Cahuzac qui tente un come-back ces jours-ci.
On l’oublie souvent mais l’univers des laboratoires pharmaceutiques n’est pas inconnu de Gabriel Attal. Pendant près de cinq ans, de 2012 à 2017, il a en effet œuvré comme conseiller au cabinet de Marisol Touraine, emblématique ministre socialiste de la Santé. C’est même elle qui lui a mis le pied à l’étrier de la politique. Meilleur ami de lycée de la fille de la ministre, il s’était débrouillé pour se faire repérer par la mère malgré une maigre expérience professionnelle de chargé de mission à la Villa Médicis, à Rome.
Une communicante amie de Pascale Jeannin Perez
Un autre homme de l’ombre pointé par Marc Endeweld joue également un rôle clé dans l’ascension de Gabriel Attal. Son nom : Louis Jublin. Déjà conseiller presse et communication du ministre à l’Education, il a immédiatement fait savoir qu’il suivait Attal à Matignon.
Mais le plus intéressant n’est pas là. Au début des années 2010, Louis Jublin a travaillé pendant huit ans comme directeur associé d’une agence de communication d’influence du nom d’Albera Conseil. Cette dernière a été fondée par la communicante de droite Patricia Chapelotte. Celle-là même qui, aussitôt Attal intronisé par Macron, s’est ruée chez BFMTV pour chanter les louanges du nouveau Premier ministre en tant qu’ « amie ». Patricia Chapelotte est également une grande amie de Pascale Jeannin Perez…
Ce réseau n’aurait pas pu placer son poulain là où il est sans la complicité aigue de quelques journalistes et éditorialistes parisiens. L’un en particulier ne ménage pas ses efforts : le journaliste politique Bruno Jeudy. La relation avec Gabriel Attal s’est nouée à Vanves, dans les Hauts-de-Seine, la ville où le journaliste réside et dont Gabriel Attal est conseiller municipal depuis 2014.
Le directeur délégué de la Tribune Dimanche au service d’Attal ?
Bruno Jeudy a longtemps officié à Paris Match où, toute honte bue, il a signé quelques articles d’anthologie à la gloire d’Attal. On peut citer celui-ci consacré à l’émoi du jeune homme qui, sur les bancs de Sciences Po, avait ardemment milité pour la libération d’Ingrid Bettencourt retenue en otage dans la jungle six années par la guérilla colombienne. Ou celui-ci où Attal explique qu’il a créé le fan club du rappeur Orelsan rue Saint-Guillaume. Pauvre Orelsan.
A l’occasion, l’ami Jeudy ne rechigne pas à faire un ménage en animant un débat avec Gabriel Attal pour les Amis du CRIF comme en témoigne cette vidéo. C’était en 2020 et Attal était secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement.
Le 13 octobre 2020, les amis du Conseil Représentatif des Institutions juives de France (CRIF) reçevaient Gabriel Attal (photo DR)
Aujourd’hui, Bruno Jeudy sévit à la Tribune Dimanche, propriété de la famille Saadé qui possède l’armateur CMA CGM et le quotidien La Provence. Et qui lorgne BFMTV depuis que Patrick Drahi, son propriétaire, croule sous les dettes.
Le 17 décembre dernier, cet hebdomadaire ennuyeux à mourir, qui veut damner le pion au Journal du Dimanche de Vincent Bolloré, accouchait d’une Une people avec photo pleine page de Gabriel Attal : « Les secrets d’une prise de pouvoir ». Fichtre, à l’époque cela avait ricané dans les chaumières où les initiés se frottaient les mains en prévision d’une guerre de réseaux pour remplacer Elisabeth Borne. Las, la guerre avait déjà eu lieu et c’était le communiqué de la victoire.
Blanche Chatwin Bouvier
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