Arnaud Murati
Déstabilisé par la révolte des Gilets jaunes, l’exécutif semble peu pressé d’imposer aux Français sa réforme contre les dégâts du « tout Diesel » : les Zones à Faibles Emissions (ZFE). Il faut dire qu'avec plus de 65% du parc automobile à renouveler dans le Grand Paris d’ici un an et demi, et une part significative du parc dans une quarantaine d’autres métropoles, l’interdiction annoncée des moteurs trop polluants dans les grandes villes d’ici 2024 pourrait entraîner une déflagration sociale sans précédent.
Le 1er septembre 2022, la ZFE de la métropole Aix-Marseille-Provence était officiellement mise en place. A l’inverse, le même jour, la commune de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine maritime) réitérait son refus d’intégrer le périmètre de la ZFE de la métropole Rouen-Normandie, conformément à une décision municipale prise juste avant les vacances : « Le calendrier actuel est beaucoup trop resserré pour permettre aux gens d’être accompagnés, pour pouvoir changer de véhicule » considère le maire Joachim Moyse (PCF), qui réclame aussi « que les aides soient largement revues à la hausse » de la part de l’Etat. Pour comprendre cette nouvelle fronde « anti ZFE » de la part d’une municipalité de 30 000 âmes à moins de dix kilomètres du cœur de Rouen, il faut revenir un peu en arrière.
Après s’être montré peu regardant sur la pollution automobile durant des dizaines d’années, L’Etat français, autant par obligation sanitaire que par contrainte judiciaire (voir l’encadré), est désormais tenu de mettre en place des ZFE partout où les taux de pollution atmosphérique sont trop élevés. En 2019, il a gravé dans le marbre ses intentions à l’occasion de la publication de la Loi d’orientation des mobilités, dite loi Lom : « A compter du 1er janvier 2021, l’instauration d’une zone à faibles émissions mobilité est également obligatoire, dans un délai de deux ans, lorsque les normes de qualité de l’air (…) ne sont pas respectées de manière régulière » indique le texte.