La parution dans l’hebdomadaire « Paris Match » de « photos volées » d’une soirée au restaurant entre Cyril Hanouna et Tiphaine Auzière, la belle fille d’Emmanuel Macron, aurait mis l’Elysée en émoi. Contre-feu à une enquête de Médiapart publiée la veille, cette Une de Match serait également un moyen, pour Cyril Hanouna et ses soutiens, d’envoyer un « avertissement » à l’Élysée. Explications.
Cyril Hanouna, Tiphaine Auzière en couple ? C’est le « scoop » dévoilé par Paris Match ce 19 mars. Le magazine, propriété de Bernard Arnault depuis fin 2024, dévoile la « romance » entre l’animateur star de Vincent Bolloré et la belle-fille d’Emmanuel Macron avec 24 heures d’avance sur la sortie en kiosque, l’hebdomadaire étant en vente tous les jeudi.
Jean-Bernard Gaillot-Renucci, conseiller politique« Ils sont furieux au palais »
L’article, assorti de « photos volées » d’une rencontre au restaurant, et signé vraisemblablement sous pseudo, sort le lendemain d’une enquête choc publiée par Médiapart sur Cyril Hanouna (voir encadré de fin). Le média d’investigation y révèle notamment le passage à tabac d’un ancien manager de l’humoriste Malik Bentalha par Jean-Rachid Kallouche, producteur de musique et ami de l’animateur, avec des hommes de main dans les loges de l’émission, en octobre 2019. Mais aussi de nombreuses violences verbales et humiliations infligées par Cyril Hanouna à certains de ses chroniqueurs réguliers.
Curieusement, Paris Match passe sous silence ces révélations pour retracer d’un ton sirupeux le parcours de deux supposés tourtereaux depuis le recrutement de Thiphaine Auzière dans l’émission de Cyril Hanouna « Touche pas à mon poste » sur C8 en mai 2024. « Entre le trublion du PAF [paysage audiovisuel français, ndlr] et la belle-fille du président de la République, Tiphaine Auzière, plus qu’une passade, une belle histoire », écrit l’hebdomadaire, qui omet aussi les 36 sanctions infligées à l’animateur par le gendarme de l’audiovisuel (l’Arcom, anciennement CSA) et sa condamnation en correctionnelle fin février à 4 000 euros d’amende pour avoir insulté le député Louis Boyard sur son plateau.
Quand Cyril Hanouna se rappelle au bon souvenir du chef de l’Etat
L’Elysée aurait accueilli cette histoire avec « stupéfaction », euphémise le magazine. Une version très édulcorée de l’histoire. « Ils sont furieux au palais », affirme à Off Investigation Jean-Bernard Gaillot-Renucci, conseiller politique et détenteur des petits et grands secrets de la macronie. Loin d’avoir donné son onction à la parution de ce « scoop » le concernant directement, le couple présidentiel aurait été mis devant le fait accompli. À aucun moment, ni Brigitte Macron ni évidemment son époux, n’auraient donné leur accord au préalable. « Ma fille est aussi transgressive que moi », se contente de déclarer l’épouse du président, selon l’un de ses proches sollicité par nos soins. Loin de la tonalité « à l’eau de rose » donné à la lecture de l’article de Paris Match, cette révélation serait aussi un signal envoyé au locataire de l’Elysée. Interrogé par Off Investigation sur les répercussions de cette affaire au Palais, son responsable en communication ne nous a à ce stade pas répondu.
« C’est clairement un avertissement lancé à Emmanuel Macron par l’entourage de Cyril Hanouna et son amie communicante, Mimi Marchand », décrypte un expert en communication qui préfère garder l’anonymat face au pouvoir de nuisance de l’animateur et de la papesse multi-condamnée de la presse people. « Emmanuel Macron s’est abstenu de soutenir Cyril Hanouna au moment du non-renouvellement de C8 par l’Arcom, explique le conseiller Jean-Bernard Gaillot-Renucci. Ce qui peut aussi justifier ces révélations visant au premier chef le président, le beau-père de Tiphaine. » Contactée par nos soins, Michèle Marchand assure qu’elle a découvert, tout comme nous, la Une de Paris Match au moment de sa parution. Elle nous a par ailleurs fait savoir qu’elle n’entendait pas répondre aux diverses questions que nous lui avions fait parvenir à ce sujet.
Bernard Arnault et Emmanuel Macron, plus distants que jamais
Cette paparazzade interroge en tout cas sur l’état des relations entre Bernard Arnault et Emmanuel Macron. Les liens entre l’homme le plus riche de France, qui a participé au lancement médiatique du candidat Macron en 2017 (comme Off Investigation l’a raconté dans son nouveau documentaire publié le 9 mars dernier) se sont distendus depuis la dissolution surprise, décidée par le président de la République sans en avertir le milliardaire l’été dernier. Le patron de LVMH a participé en bonne place à l’investiture de Donald Trump, à Washington, en janvier dernier, avant de critiquer ouvertement la politique fiscale d’Emmanuel Macron à son retour. Outre ces révélations amoureuses, Paris Match se demande si Cyril Hanouna ne serait pas « le monsieur X de l’élection présidentielle en 2027 » (Paris Match, 19 mars), le comparant à « Beppe Grillo, bouffon médiatique mais étoile filante politique, ou carrément à Volodymyr Zelensky, comédien rattrapé par la grande Histoire. »
Cyril Hanouna : le Monsieur X de l'élection présidentielle 2027 ? https://t.co/wmdOUhSLMo
— Paris Match (@ParisMatch) March 19, 2025
L’article de Paris Match représente aussi un « contre-feu médiatique » bien utile après l’enquête de Médiapart qui révèle cette semaine la violence exercées par l’animateur vedette sur ses collaborateurs. « La perception qui va rester dans le grand public après avoir vu ces photos en Une du magazine et en 4 par 3 sur les kiosques, c’est celle d’une histoire d’amour entre la belle-fille du président de la République, et pas celle d’un animateur controversé », analyse notre interlocuteur. Pas franchement le genre d’information qu’Emmanuel Macron, préoccupé par la « trace » qu’il va laisser dans l’Histoire (Off Investigation, le 18 mars), et confronté au marasme de sa présidence (Off Investigation, le 3 mars) souhaitait voir dans les médias.
👑 MACRON : LA FIN DE RÈGNE
— Off Investigation (@Offinvestigatio) February 3, 2025
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Hanouna, une proximité de longue date avec le pouvoir
Fin 2022, Off Investigation décryptait déjà les relations entre Cyril Hanouna et les cercles du pouvoir. En outre, avant même la victoire d’Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, l’animateur de C8 préparait déjà ses relations avec le pouvoir pour les cinq prochaines années. À la sortie du débat de l’entre-deux tours, le 28 avril 2017 devant les locaux de TF1, Cyril Hanouna interpelle ainsi le candidat Emmanuel Macron pour que ce dernier « souhaite un bon anniversaire » à l’émission, qui célèbre son millième épisode, « avant le 7 mai et cette belle échéance, j’espère ». Tout sourire, l’ex-associé gérant de la banque Rothschild prend le contrôle de l’émission en raflant le micro pour sympathiser avec son public : « Evidemment, je vais plutôt vous dire d’aller voter pour moi… donc allez voter, et bon anniversaire ! »
Sept mois plus tard, rebelote, cette fois-ci à l’occasion de l’anniversaire d’Emmanuel Macron lui-même. « Président, on est en direct et je voulais vous souhaiter bon anniversaire parce que vous nous aviez souhaité bon anniversaire sur notre 1000e », ose Cyril Hanouna le 20 décembre, dans le cadre de son prime « Baba Noël ». « Je n’oublie pas ce beau rendez-vous pendant la campagne quand vous aviez votre anniversaire. Et permettez-moi seulement de passer un message d’amitié à la fois à votre équipe et à tout votre public », répond le président, qui juge « adorable » l’appel de l’animateur qui lui est ainsi adressé. « Exceptionnel », s’exclame le compte Twitter de l’émission dans la foulée.
Exceptionnel ! Pendant le prime #Babanoel, @Cyrilhanouna a eu @EmmanuelMacron au téléphone pour lui souhaiter un joyeux anniversaire 😆🎉 pic.twitter.com/5gTYPlWYvc
— TPMP (@TPMP) December 21, 2017
Notons qu’au cours du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, fait preuve d’assiduité sur le plateau de « Touche pas à mon poste ». L’émission avait pourtant été déjà épinglée à plusieurs reprises par le gendarme de l’audiovisuel de l’époque (CSA). Le programme avait notamment écopé d’une privation de publicité d’une durée de deux semaines pour des gestes déplacés sur Capucine Anav, compagne de Louis Sarkozy.
Révélations explosives sur le système Hanouna
Le 18 mars, Mediapart a publié une enquête témoignant d’un « univers extrêmement violent » autour de Cyril Hanouna. Le site indépendant raconte notamment le cas de Sofiane Mejot, ex-manager de l’humoriste Malik Bentalha : au cœur d’un litige avec Jean-Rachid Kallouche, très proche de Cyril Hanouna, l’homme aurait en effet été passé à tabac en octobre 2019 dans les loges de « Touche pas à mon poste ». « Ils l’ont enfermé dans la loge, seul, puis des hommes de main sont entrés », raconte un témoin ; c’était « une mise à mort », selon un autre, pour qui « l’intention n’était pas d’intimider mais de faire mal ». Les agresseurs présumés auraient au préalable franchi tous les portiques sans avoir à se soumettre à aucun contrôle de sécurité. « Ça s’est passé comme en prison », décrit un ancien membre du staff : « Les vigiles de la Canal Factory sont tous descendus de l’étage des loges comme pour laisser dix minutes à l’équipe de Jean-Rachid faire ce qu’ils avaient à faire. » C’est l’intervention d’une tierce personne qui aurait finalement écourté ce déferlement de violence. Les agresseurs auraient finalement pris la fuite par une porte dérobée, laissant derrière eux Sofiane Mejot, grièvement blessé.
Après une plainte déposée de sa part, l’affaire a été classée sans suite en raison de l’absence de réponse du plaignant aux convocations des enquêteurs. Interrogé par Mediapart, Jean-Rachid Kallouche a démenti ces accusations, tout comme l’avocat de Cyril Hanouna. H2O, société de production fondée par ce dernier, n’aurait eu connaissance que d’« une dispute ». De son côté, Malik Bentalha a officiellement pris ses distances avec le groupe Canal, et s’est depuis illustré dans la parodie d’émissions des chaînes de Vincent Bolloré, pour qui Cyril Hanouna ne cache pas sa loyauté.
D’autres personnalités contactées par Mediapart affirment avoir fait les frais d’une « méthode Hanouna ». En 2016, le magazine Society publie la première enquête sur Cyril Hanouna. Franck Annese, le patron du journal, décrit avoir reçu des menaces par la suite : « Je vois son numéro s’afficher sur mon téléphone et lorsque je décroche, je découvre qu’il s’agit de son garde du corps. Il me menace en me disant que je fais « trop le chaud » et qu’ils vont « me fumer ». » Hanouna aurait contacté le journaliste à son tour : « Hanouna finit par prendre le téléphone et me dit : « Fais pas le chaud avec moi, tu sais pas d’où je viens. » Je rigole et réponds qu’il vient des Lilas. Il m’insulte, me dit qu’il va me frapper puis raccroche. »
Dans un second article publié le même jour, Mediapart révèle comment Cyril Hanouna a rémunéré des invités pour les inciter à participer à son émission et met en lumière les salaires conséquents accordés à ses chroniqueurs en contrepartie des humiliations et brimades qu’il leur impose quotidiennement.
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