L’homme armé qui a perturbé une manif pro-Palestine a été relâché

Interpellation d'un individu armé
Interpellation d’un individu armé, le 7 décembre 2024 à Paris | photomontage Abdelhakim Barkat

Exclusif | Visé par deux plaintes dont une pour « menaces de mort » et « intimidation par arme à feu », l’homme neutralisé par la police le 7 décembre dans le XIème arrondissement de Paris a été relâché de sa garde à vue et placé sous contrôle judiciaire. L’arme en sa possession s’est avérée être un « pistolet d’alarme » de catégorie D. Le mis en cause comparaîtra en mai prochain dans le cadre d’une convocation par procès-verbal.

Deux plaintes ont été déposées le 7 décembre, respectivement à 18h et 18h35, au commissariat de police du XIème arrondissement de Paris, après l’interpellation d’un homme armé qui, le jour-même, avait perturbé une manifestation organisée en solidarité avec la Palestine et le Liban.

Un « pistolet d’alarme » de catégorie D

Contacté par Off-investigation, le Parquet confirme que « la police a été requise pour un homme qui avait exhibé une arme de poing à des manifestants ». « Plusieurs personnes ont signalé avoir subi ses intimidations, le mis en cause aurait tenté d’arracher une pancarte de la main de quelqu’un, et aurait montré une arme qu’il portait à sa ceinture », relatent les services de la Procureure. Précision : l’arme en question s’est avérée être « un pistolet d’alarme, donc de catégorie D ».

Pour rappel, selon la législation en cours, un pistolet de catégorie D peut être acheté et détenu librement sous conditions (administration française).

Un placement sous contrôle judiciaire jusqu’à l’audience qui se tiendra en mai 2025

Le Parquet précise que l’homme interpellé, commerçant de profession, est un sexagénaire de nationalité française. « Le mis en cause a été déféré au parquet à l’issue de sa garde à vue. Une convocation par procès-verbal lui a été remise pour l’audience du 22 mai 2025, à laquelle il sera jugé pour violences avec arme n’ayant pas entraîné d’incapacité de travail (délit faisant encourir 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende), et port d’arme de catégorie D sans motif légitime (délit faisant encourir 1 an et 15 000 euros d’amende). Il a été placé sous contrôle judiciaire jusqu’à l’audience. »

Mise à jour 17h20 : alors que le Parquet évoque ici un acte n’ayant pas engendré d’incapacité de travail, Off-investigation a pour sa part obtenu le certificat médical d’un des plaignants, accompagné d’un arrêt de travail d’une semaine. Le certificat en question met en avant « l’anxiété », « la perte d’appétit », « la peur constante de représailles » ou encore « les troubles du sommeil » auxquels le patient explique être confronté depuis l’épisode du 7 décembre.

Off-investigation a en outre pu consulter les deux plaintes visant l’homme interpellé. Le premier plaignant explique que vers 15h30, « une dame est venue [l]e voir en expliquant qu’un homme lui avait arraché sa pancarte, et l’avait prise en photo ». « Il a donné un coup sur ma pancarte qui est tombée par terre », confirme l’intéressée dans son témoignage. La pancarte en question indiquait « Netanyahou, un criminel protégé par la France », selon une photo publiée en storie par le compte Instagram de BDS France (Boycott, Désinvestissement et Sanctions). « Je me suis baissée pour la récupérer, je lui ai dit qu’il n’avait pas le droit de faire ça, de s’en prendre à ma pancarte. »

« Il a soulevé son T-Shirt et il y avait une arme dans son pantalon »

Un accrochage qui devient rapidement incontrôlable. « Je suis allé voir l’homme en question, je l’ai d’abord photographié », détaille le plaignant. C’est à ce moment que la situation semble s’envenimer. L’homme, décrit comme « menaçant physiquement », aurait demandé à « une tierce personne de filmer la scène, et de là, il a soulevé son pull, montrant une arme de poing qu’il avait à la ceinture ». Des agents de police sont immédiatement mis au courant de la situation et arrivent rapidement sur les lieux, comme on peut le voir sur plusieurs vidéos, dont une qui a été envoyée le jour-même à Off-investigation. « J’ai entendu une personne qui criait « Il a une arme, il a une arme » », décrit la propriétaire de la pancarte.

Une deuxième manifestante a déposé plainte peu après dans la soirée, pour des faits qui s’apparenteraient à des « menaces de mort » et de l’« intimidation par arme à feu ». « Il a soulevé son T-Shirt et il y avait une arme dans son pantalon, c’était pour menacer en montrant son arme ! ». S’ensuit une interpellation mouvementée. « Les policiers ont sorti leurs pistolets, et après ils ont essayé de le mettre au sol pour le menotter, il se débattait… Ils n’arrivaient pas à le menotter », détaille la plaignante qui explique vouloir « porter plainte pour terrorisme ». « Je porte plainte, ça me frustre de savoir que les gens qui nous agressent sont soit du Betar, soit du Mossad et compagnie. », se désole-t-elle encore dans la déposition qu’a pu consulter Off-investigation.

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