L’énarque Alexis Kohler, bras droit d’Emmanuel Macron depuis dix ans, va rejoindre la Société générale. Derrière l’hommage appuyé que le chef de l’Etat lui a rendu publiquement, ce départ révèle une récente cassure entre les deux hommes.
Cette fois, c’est la bonne. Après plusieurs faux départs, Alexis Kohler a enfin annoncé qu’il quittait l’Elysée ce jeudi 27 mars via Le Figaro. Le tout-puissant secrétaire général de la présidence, en poste depuis huit ans, sera remplacé à la mi-avril par Emmanuel Moulin, l’ancien directeur du Trésor à Bercy et « l’œil de Moscou » du président au ministère de l’Economie.
Emmanuel Macron a rendu un hommage appuyé à son principal collaborateur en partance pour le privé : « Alexis Kohler a mis toute son énergie, son talent et sa force de travail hors pair au service de notre projet politique et des Français », déclare le chef de l’Etat dans une déclaration poignante transmise au journal de la famille Dassault. « Il a servi notre pays de manière exemplaire ces années. Je sais combien notre action collective lui doit et je sais qu’il continuera son engagement pour la nation sous d’autres formes », ajoute-t-il.
🚨 Le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler annonce son départ après 10 ans au côté d’Emmanuel Macron [@Le_Figaro]
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« Un départ sans fausses notes », assure Les Echos, tandis que Le Figaro évoque une relation restée « au beau fixe » et Le Monde, « la fin d’un couple d’une tristesse vertigineuse ». Sortez les mouchoirs.
Pantouflage à la Société générale
Le passage sur « l’engagement à la nation » écrit par le président de la République peut prêter à sourire. Alexis Kohler part en effet pantoufler à… la Société générale. La banque a confirmé ce 28 mars au matin sa nomination au poste de directeur général adjoint, il rejoint également le comité exécutif de l’établissement, comme l’avait révélé L’Opinion dès le 22 février. « Il rejoindra la Banque en juin 2025 », précise le communiqué de la Société générale.
🚨 @lopinion_fr révèle qu'« Alexis Kohler devrait QUITTER L’ÉLYSÉE pour rejoindre la Société générale »
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« Le président a gardé l’emphase de ses jeunes années de théâtre à la Providence », ironise le conseiller politique et ancien responsable de la droite avec Macron en 2017, Jean-Bernard Gaillot-Renucci. Une référence vacharde aux cours pris par le jeune Emmanuel avec son épouse Brigitte au collège. « De toute façon, il ne sait rien faire simplement, tout est surjoué », griffe ce macroniste repenti.
De fait, le communiqué cache mal le divorce consommé entre les deux hommes. Surnommé le « vice-président », le « jumeau » encore le « deuxième cerveau » d’Emmanuel Macron, Alexis Kohler avait une place à part dans le dispositif présidentiel (lire notre série: Alexis Kohler (très) secret). « C’était la tour de contrôle, tout passait par lui ou presque, confirme un ancien conseiller de l’Elysée. Mais c’était moins le cas depuis un an. »
Une cassure entre le chef de l’Etat et son bras droit
En coulisse, « AK » comme l’appellent entre eux les conseillers ministériels, dissimulait mal son dépit après la dissolution décidée en catimini par le président en juin 2024.
Un ancien conseiller de l’Elysée« Il y a eu une cassure avec Emmanuel Macron, même s’il ne s’est pas épanché sur le sujet »
« Il y a eu une cassure avec Emmanuel Macron, même s’il ne s’est pas épanché sur le sujet », explique notre source, décrivant un Kohler « malheureux » de voir Michel Barnier revenir sur la baisse des impôts une fois arrivé à Matignon. La nomination de François Bayrou a achevé de convaincre le « bras droit » du locataire de l’Elysée qu’il était temps de « se tirer », selon les mots d’un familier du palais. « Alexis Kohler le déteste et c’est réciproque. Bayrou n’a cessé de l’accuser de mettre le président sous influence, grince un macroniste historique. Rester, c’était accepter les réformes auxquelles il ne croit pas, comme la proportionnelle. »
Enfin et surtout, il y a aussi les affaires judiciaires, passées sous silence par les éditocrates, qui agissent comme un « poison lent » sur le duo au sommet de la Macronie. Il y a cette vilaine mise en examen pour prise illégale d’intérêts dans une affaire sur ses liens familiaux avec l’armateur MSC, son employeur entre 2016 et 2017 (Off Investigation, 31 janvier 2025). Des soupçons qu’il réfute, malgré les SMS sans équivoques échangés avec son épouse révélés par Le Monde à l’été 2023.
Sans compter la plainte déposée par Eric Coquerel au début de mois de mars. Le président LFI de la commission des finances de l’Assemblée veut le poursuivre pour son refus de venir s’expliquer devant les députés sur le dérapage des comptes publics.
📃 Dérapage des finances publiques : Alexis Kohler refuse de s'expliquer (lettre ci-dessous)
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🚨 @ericcoquerel a annoncé saisir le procureur de la République
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En 2019, le Bureau du Sénat lui avait déjà imputé un « faux témoignage » après une audition tendue devant la commission d’enquête sur l’affaire Benalla. La plainte avait été classée sans suite par le parquet. Eric Coquerel espère que la sienne ne finira pas à la poubelle. « Le refus de M. Kohler de témoigner devant nous symbolise le mépris de la présidence d’Emmanuel Macron envers le Parlement », déclare l’élu à Off Investigation. « Si les auditions montrent qu’il a pu jouer un rôle dans la politique économique du pays à la place du gouvernement, son absence sera d’autant plus problématique. » A l’image des deux mandats de ce qu’Eric Coquerel qualifie d’« hyperprésident ». Le début de la fin pour Emmanuel Macron?
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