Jean-Baptiste Rivoire
Propulsée par la grâce de Vincent Bolloré à la tête du service politique de Paris-Match, Laurence Ferrari y remplace Bruno Jeudy, viré après avoir protesté contre une " Une " consacrée au cardinal ultra-conservateur Guinéen Robert Sarah. Comme souvent, la célèbre journaliste doit cette promotion à la volonté de son actionnaire. En quinze ans au service de Martin Bouygues (TF1, LCI), Jean-René Fourtou (Canal +) ou Vincent Bolloré (Canal +, CNews, Europe 1, Paris Match, …) elle a su accepter avec souplesse de multiples compromis éditoriaux. Au point d’être devenue La journaliste de confiance de Vincent Bolloré, qui l'envoie désormais sur tous les fronts pour imposer sa ligne éditoriale catho-tradi et réac.
Quel point commun y-a-t-il entre PPDA (TF1), Karl Zéro (Canal +), Patrick Cohen (Europe 1) ou Bruno Jeudy (Paris-Match)? Tous ont été poussés dehors par l'actionnaire de leur média. Et tous ont été " remplacés ", au moins un temps, par Laurence Ferrari. En trente ans d'une brillante carrière, l'ex Star de TF1, diplômée de l'école des attachés de presse (EFAP) de Lyon, semble s'être accoutumée aux compromis éditoriaux découlant des multiples conflits d'intérêts gangrènant TF1, Canal +, Le JDD, Paris Match, RTL, ou Europe 1. Au point de devenir la " chouchou " des oligarques? En début de carrière, elle avait pourtant parfois fait preuve d'audace.
Lors des émeutes de 2005, devenue co-présentatrice de Sept à huit sur TF1, Laurence Ferrari va se heurter à la violence de son actionnaire, Martin Bouygues, lui même sous la pression de Nicolas Sarkozy, qui rêve alors d'accéder à l'Elysée.
En novembre de cette année là, deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, meurent électrocutés dans un transformateur EDF de Clichy sous-Bois après avoir été pourchassés par la police. Quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, répète contre toute évidence que ses fonctionnaires « ne poursuivaient pas » les deux jeunes, leur quartier se révolte, bientôt rejoint par des milliers de jeunes défavorisés dans toute la France.
" Plus cela merde, plus on est contents "
Un policier Lyonnais
En quelques semaines, 9000 voitures sont incendiées. Les violences provoqueront 200 millions d’euros de dégâts. En pleine révolte, Sophie Hamdad, une journaliste de Sept à huit en reportage à Lyon surprend en caméra discrète un dialogue surréaliste entre un policier et un jeune qui vient de le provoquer verbalement:
-« Tu veux griller, toi aussi, avec tes copains ? S’énerve le policier. Tu veux aller dans un transfo ? Ramène ta gueule, on va t’y mettre. […] Et arrête de me regarder comme un âne !
– Vous croyez que c’est comme cela que le quartier va se calmer ? demande le jeune.
– Que le quartier se calme ou pas, nous, on s’en branle, répond le policier. À la limite, plus cela merde, plus on est contents. »