“Au boulot les grévistes !” C’est ainsi qu’on pourrait résumer une récente proposition de loi du Sénat. Votée le 9 avril au palais du Luxembourg, elle vise à interdire, sous conditions, la grève dans les transports durant certaines périodes. Une offensive inédite en ligne avec l’hostilité manifestée par le gouvernement et la droite vis-à-vis du droit de grève.
Marie Lebec, ministre chargée des relations avec le parlement, n’aime pas forcément la grève. Elle l’a fait comprendre sur Sud Radio le 20 février dernier : « On peut s’interroger sur le recours au droit de grève quand on a une mission de service public ». Pour la ministre, à certaines périodes, la grève devrait être tout simplement… interdite.
Marie Lebec, sur Sud Radio, le 20 février 2024.
Cette vision très autoritaire n’est pas partagée par tous au sein du camp présidentiel : Patrice Vergriete, ministre des Transports, a, au contraire, défendu le droit de grève ces derniers mois. Mais début avril, au Sénat, il s’est trouvé une majorité de droite et du centre (les sénateurs LREM se sont abstenus) pour voter une proposition de loi restreignant sévèrement ce droit.
Des interdictions de grève de sept jours consécutifs
Radical, le texte prévoit notamment l’instauration d’un quota de 30 jours par an lors desquels les services publics de transport (hors aviation) n’auraient pas le droit de faire grève, au bon vouloir du gouvernement. La période serait limitée à 7 jours d’affilée au maximum. Cette interdiction pourrait être décidée par le gouvernement lors de vacances scolaires, jours fériés, élections et référendums, mais aussi et surtout à l’occasion d'événements “d’importance majeure”. Comme par exemple les Jeux Olympiques.
Dernière précision rapportée par Libération : cette interdiction ne concernerait que les heures de pointe et les personnels indispensables au fonctionnement du service. Un des objectifs des sénateurs est d’éviter les grèves de 59 minutes réalisées en milieu de journée, moins coûteuses financièrement pour les grévistes, mais que la droite perçoit comme une “source de grande désorganisation”, expliquent nos confrères.
« Trop, c’est trop »
Pour justifier cette loi, Hervé Marseille, sénateur Union centriste des Hauts-de-Seine, a dénoncé un “détournement du droit de grève”, qu’il qualifie volontiers d’ "abusives". Pour lui, « trop, c’est trop ».