Macron recadré par l’Association de la Presse Présidentielle

Le journaliste Thomas Despré, membre de l’association de la presse présidentielle (APP), lors du compte-rendu du Conseil des ministres du 23 octobre 2024 | Capture d’écran du compte YouTube du gouvernement

Une semaine après l’attaque frontale d’Emmanuel Macron contre le supposé « manque de professionnalisme » de journalistes qu’il a accusés d’avoir répandu une « rumeur » autour de ses propos sur la création de l’État d’Israël, l’Association de la Presse Présidentielle a appelé le chef de l’État à respecter le travail des professionnels de l’information.

« Jeudi dernier depuis Bruxelles, le président de la République a gravement mis en cause la déontologie de la presse entière en fustigeant la publication de propos qu’il a lui-même tenus et qu’il n’a d’ailleurs pas démentis […]. Mettre en cause le professionnalisme et l’éthique des journalistes, quand ils font honnêtement leur travail, afin de mettre la pression sur leurs sources nous semble une dérive dangereuse », a déclaré Thomas Despré, membre de l’association de la presse présidentielle (APP), lors du point presse faisant suite au Conseil des ministres du 23 octobre.

« Notre travail ne peut se résumer à reprendre les déclarations officielles. Il est aussi et surtout de permettre aux citoyens de savoir ce qu’il se passe une fois les micros coupés »

Thomas Despré, membre de l’association de la presse présidentielle (APP)

« Il nous apparaît très grave que le président estime que ce qui n’est pas dans un communiqué ou un compte-rendu n’existe pas. Notre travail ne peut se résumer à reprendre les déclarations officielles. Il est aussi et surtout de permettre aux citoyens de savoir ce qu’il se passe une fois les micros coupés », a poursuivi le journaliste de l’APP, faisant alors valoir l’essence du métier attaqué par Emmanuel Macron : « Notre travail est de pouvoir enquêter librement sur les coulisses du pouvoir pour permettre à chacun de se faire une opinion. Cette liberté fondamentale en démocratie ne saurait être remise en cause au gré des tempêtes politiques. »

L’Association de la Presse Présidentielle le rappelle donc « avec fermeté » : « La définition du journalisme ne sera jamais une prérogative présidentielle. Et dans ces temps où les tentations populistes mettent à mal la liberté d’informer, notre association appelle à respecter le travail des journalistes. »

Pour rappel, comme cela fut révélé par voie de presse à l’issue du Conseil des ministres du 15 octobre, le chef de l’Etat avait déclaré lors de ce rendez-vous hebdomadaire : « M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU. Par conséquent il ne devrait pas s’affranchir des décisions de l’ONU. » Mais, alors qu’elle avait immédiatement exaspéré les sphères pro-israéliennes en France, cette révélation a fait l’objet d’un rétropédalage d’Emmanuel Macron qui, en déplacement à Bruxelles le 17 octobre, avait dénoncé des « rumeurs » et critiqué un présumé « manque de professionnalisme » de la part des journalistes ayant rapporté les propos en question.

S’il aime faire valoir son attachement à une presse libre, l’exécutif français s’efforce de contrôler le cadre dans lequel les journalistes peuvent l’interpeller. En avril 2024, Off Investigation publiait plusieurs témoignages montrant comment le pouvoir macroniste entrave régulièrement des professionnels de l’information dans le libre exercice de leur métier.

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