Les deux constructeurs français ont un sacré point commun : ces dernières années, ils ont mis sur le marché européen des dizaines de milliers de moteurs pas au point qui cassent fréquemment. Unis dans la dénégation, Renault et Stellantis font ou feront bientôt l’objet d’actions en justice initiées par des clients outrés de leur attitude.
« Renault m’a reproché de ne pas avoir changé les bougies en temps et en heure » s’étrangle dépité Olivier Blanchet, un quadragénaire breton fédérant depuis quelques mois des clients en lutte contre l’indélicatesse de Renault. Pour ce cadre en poste dans l’informatique, la manière de procéder du constructeur au losange est difficilement tolérable.
En 2013, il acquiert un Dacia Dokker. A peine cinq ans et demi plus tard, voilà que le moteur casse, alors que l’engin atteint à peine 115 000 km. Lorsqu’il voit Renault se démener pour ne surtout pas prendre en charge les réparations de son véhicule (il est vrai largement sorti de la période de garantie légale) Olivier Blanchet a bien du mal à y croire. L'attitude de Renault lui met la puce à l’oreille. Il décide de se renseigner plus avant sur les problèmes rencontrés par son auto. Il ne lui faudra pas longtemps pour découvrir le pot aux roses : ce sont des milliers de moteurs 1.2 TCE (essence) qui tracassent leurs propriétaires, et ce à travers l’Europe entière ! Renault Clio, Captur, Mégane, Scénic, Kadjar, Dacia Duster, Lodgy et Dokker, Nissan Juke… ce seraient environ 400 000 véhicules, selon l’UFC Que Choisir, qui sont concernés par ce même défaut rien qu’en France, tandis que Renault reconnait un souci concernant « un peu plus » de 130 000 Renault et Dacia au sein de l’Hexagone.
Consignes mensongères
De quel problème parle-t-on ? Le constructeur évoque « un phénomène ancien de surconsommation d’huile pouvant être rencontré sur certains véhicules équipés d’un moteur essence. Ce 1.2 produit avant mi-2016. » Ce souci aurait donc été réglé depuis lors, selon Renault. Enfin presque. D’après une note interne au constructeur datant de mai 2015, pour les Renault Clio, Captur, Mégane et Scénic, un début de solution aurait été trouvé à cette époque : « Calibrage corrigé à l’aide de l’instrument de diagnostic (…) Pour les autres véhicules : de nouveaux calibrages sont en cours de développement. Aucune pièce ne sera remplacée et le client sera informé qu’une consommation d’huile légèrement supérieure est normale et qu’une solution sera disponible pour remédier à la perturbation » est-il indiqué noir sur blanc dans ce document interne qu’Off Investigation s’est procuré.
Ce qui signifie donc que dès 2015, Renault a parfaitement conscience qu’il ne propose aucune solution aux malheureux propriétaires de véhicules Dacia équipés de ce même moteur moteurs 1.2 TCE (essence), par exemple. Pire même, il est suggéré aux concessionnaires de la marque d’expliquer l’impensable, à savoir qu’un moteur qui consomme de l’huile est en bonne santé !
Voir aussi : Casse moteur chez Renault et Stellantis : des actions de groupe envisagées à l'étranger
Renault aurait toutefois pu s’en tirer à bon compte si la solution technique imaginée en 2015 s’était révélée efficace. Mais contrairement à ce que laisse entendre le constructeur français, le problème de surconsommation d’huile et de rupture des moteurs essence 1,2 TCE a perduré au-delà de cette date. Une note technique de Renault datant de 2018 reconnait clairement que les voitures concernées par ce problème auraient été produites jusqu’au 14 juin 2018. Et en janvier 2022, Renault en apporte la preuve. Ce mois là, le tribunal de Nanterre condamne la marque au losange à rembourser intégralement un véhicule neuf à son propriétaire, qui avait constaté une surconsommation d’huile deux mois à peine après sa sortie de concession : « Le 21 décembre 2018, XXX s’est rendu auprès d’un concessionnaire Renault afin de procéder à la mise à jour des calculateurs. Le problème demeurant après cette mise à jour, la SA Renault Retail Group l’a signalé à la SAS Renault, dont l’expert a indiqué qu’il ne procèderait à aucune autre investigation par courriel du 10 janvier 2019 » indique la décision de justice.