Orian Lempereur-Castelli
Chauffages défaillants, dégâts des eaux, ascenseurs en panne, les dysfonctionnements se multiplient depuis plusieurs années dans les résidences de Paris habitat (ex OPAC), premier bailleur social Français avec 281 000 locataires en Île de France. En cause : un recours massif à la sous-traitance « à moindre coût ». Contacté, Éric Pliez, le maire du XXème arrondissement proche d’Anne Hidalgo qui préside cet organisme public censé appliquer la politique de la majorité municipale en matière de logements sociaux se mure dans le silence. 1ère partie de notre enquête en 3 volets.
Le 8 juillet dernier, peu après 8 heures, de « l’autre côté du périph » (mais paradoxalement toujours dans le 15ème arrondissement de Paris), un vacarme vient perturber le calme apparent de la cité Avia-Frères Voisin. Une cabine d’ascenseur vient de céder alors qu’un ascensoriste opérait dessus. La chute du huitième étage lui sera fatale. Ouvrier expérimenté de 46 ans et père de 3 enfants, il était employé par un sous-traitant sur le chantier de remplacement des cabines d’ascenseurs de cette résidence de huit cent quarante logements sociaux gérés par Paris Habitat.
Alors qu’une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances de sa mort, cet accident remet tragiquement sous le feu des projecteurs de vieux dysfonctionnements sur la façon dont le premier bailleur social français gère l’entretien de ses HLM.
En 2016, Marianne avait par exemple révélé comment un chef d’atelier de la régie de Paris Habitat avait mis en place un système de double facturation au détriment de son employeur, donc des locataires.
L'affaire des « HLM de Paris »
On se souvient aussi comment dans les années 2000, Paris Habitat, qui s’appelait alors l’OPAC (Office Public d'Aménagement et de Construction), avait défrayé la chronique médiatique et judiciaire avec « l’affaire des HLM de Paris » : Dans les années 1990, plusieurs partis politiques, dont le RPR de Jacques Chirac (alors maire de Paris) avaient rackettés des entreprises d’Ile de France : ces dernières ne décrochaient les marchés d’entretien des HLM qu’en échange de financement politique. Un système frauduleux rendu possible par un recours massif à des fausses factures et qui avait perduré durant des années au préjudice du bon entretien des HLM parisiens, puisque les millions qui tombaient illégalement dans les caisses du RPR ne servaient pas à entretenir les logements sociaux.
En 2008, l’OPAC devient « Paris habitat ». Certes, ses dirigeant·es sont toujours des édiles de la vie politique parisienne, mais l’entreprise publique emploie désormais une « déontologue » et se vante « de placer la qualité de service au cœur de [ses] préoccupations » en prenant « en compte des spécificités liées au handicap et au vieillissement » de ses 281 000 locataires (un·e parisien·e sur neuf).
A la tête du géant locatif parisien, on retrouve un proche de Anne Hidalgo : Eric Pliez, maire du 20ème arrondissement. Au Conseil d’Administration, siègent entres autres Ian Brossat, adjoint à la maire de Paris chargé du logement (PCF), Jérôme Coumet, maire du 13ème, Tony Di Martino, maire PS de Bagnolet, ou Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité.
Au quotidien, la gestion des 126 000 logements sociaux est confiée à un comité exécutif, dont la directrice générale est Cécile Bélard du Plantys. Il se divise en directions territoriales. Problème : elles « communiqueraient peu entres-elles », selon une des organisations représentant les locataires au Conseil d’administration de Paris Habitat.