Propos génocidaires : l’impunité d’Elnet France

Arié Bensemhoun, directeur exécutif d’Elnet France, le 7 décembre 2023  | Capture d’écran de YouTube : Radio J

Alors que Mediapart expose l’influence du lobby pro-israélien Elnet au Parlement français, il est nécessaire de faire connaître les déclarations génocidaires proférées fin 2023 par l’un de ses plus hauts responsables.

L’ONG Elnet (European Leadership Network) est un lobby pro-israélien qui a pour vocation affichée de développer les relations entre les pays membres de l’Union européenne et l’État hébreu. Il en a été question dans une récente enquête de Mediapart, qui a notamment mis en lumière les séjours en Israël tout frais payés par Elnet d’une centaine de parlementaires français.

L’organisation épouse les positions de l’extrême droite israélienne et soutient donc les actions génocidaires de Tsahal à Gaza. Le directeur exécutif d’Elnet France, Arié Bensemhoun, a ainsi justifié le massacre de civils palestiniens au micro de l’animateur Steve Nadjar sur Radio J, le 7 décembre 2023.

« Personne ne peut imaginer, [que] les nazis aient pu faire tout ce qu’ils ont fait pendant tellement d’années sans que […] tout ou partie du peuple ait été complice. C’est la même chose pour les Palestiniens de Gaza »

Arié Bensemhoun, directeur exécutif d’Elnet France.

Encouragé par les divers acquiescements de son interlocuteur, l’invité de cette radio communautaire a eu le champ libre pour faire l’apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, à travers un raisonnement visant à assimiler explicitement Gaza à l’Allemagne nazie et à abolir la distinction entre civils et combattants. Pour ce faire, le directeur d’Elnet France a d’ailleurs repris à son compte une fausse citation de Winston Churchill, selon laquelle l’ancien Premier ministre du Royaume Uni aurait justifié les bombardements de 1945 de Dresde, Hambourg ou encore Berlin, en affirmant qu’il n’y avait « pas d’innocents parmi les Allemands ».

« C’est un propos extrêmement excessif, mais personne ne peut comprendre, personne ne peut imaginer, que les Allemands, que les nazis, aient pu faire tout ce qu’ils ont fait pendant tellement d’années sans que, à un moment ou à un autre, tout ou partie du peuple ait été complice. C’est la même chose pour les Palestiniens de Gaza », a alors clamé le directeur d’Elnet France sur Radio J. Pour rappel, ces propos attribués à tort à Winston Churchill ont fait l’objet d’une enquête du programme Désintox d’Arte qui, dans une vidéo publiée en février 2024, concluait à un contresens historique.

« Nous avons affaire à une société de barbares qui [porte] une forme de responsabilité collective »

« Les Palestiniens civils que l’on nous dit innocents, mais nous le savons, ils ne le sont pas tous, innocents », a par ailleurs assuré Arié Bensemhoun, avant de poursuivre dans le même registre génocidaire, face à un Steve Nadjar qui ne le contredira à aucun moment :

« [N]ous avons affaire à une société de barbares qui a commis le pire des crimes et ils en portent, d’une certaine manière, une forme de responsabilité collective […]. Mais à partir du moment où toute la bande de Gaza est devenue un espace militarisé, dédié, dévoué au combat contre Israël et aux actions terroristes contre Israël, toute la bande de Gaza est un territoire légitime pour l’action militaire. […] Où sont les infrastructures civiles à Gaza puisque le Hamas est partout ? […] Tous les médecins, tous les journalistes, tous les humanitaires, tous les fonctionnaires des organisations internationales qui vivent à Gaza sont des agents du Hamas. Tous ! » Et donc, il faut tous les tuer ? D’ailleurs l’armée israélienne s’y emploie méthodiquement.

Des procédures-bâillons à sens unique

En France, de nombreuses personnes, parce qu’elles ont refusé de rester silencieuses devant l’écrasement de Gaza et la déshumanisation systématique des Palestiniens, ont été poursuivies abusivement pour « apologie du terrorisme » (voir l’enquête de Meriem Laribi, publiée en mai 2024 sur Orient XXI). Ceux qui alertent et dénoncent, qu’ils soient militants, journalistes, universitaires ou élus, sont calomniés, harcelés sur les réseaux sociaux et dans les médias dominants. Ils sont qualifiés quotidiennement d’antisémites et de soutiens du terrorisme. L’intimidation politique, médiatique et parfois judiciaire est écrasante. Elle vise à briser des vies, à réduire au silence. Certains reçoivent des menaces de mort.

Du côté des facilitateurs de génocide, l’impunité est quasiment totale en France. À notre connaissance, seul l’ancien député LR Meyer Habib fait l’objet d’une enquête suite à une plainte de la Ligue des droits de l’homme (LDH) pour sa comparaison de la population de Gaza à un « cancer ». C’était aussi à l’antenne de Radio J.

Le deux poids, deux mesures est flagrant avec les propos d’Arié Bensemhoun. Un an plus tard, ils n’ont toujours pas donné lieu à des poursuites ou des sanctions. Le média qui a complaisamment recueilli sa parole n’est pas non plus inquiété.

Arié Bensemhoun, cofondateur de SOS Racisme

Le directeur d’Elnet France ne cache pas sa pleine adhésion aux actions d’Israël. Sur son compte X/Twitter, cet ancien président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), cofondateur de SOS Racisme et ex-président du Crif Midi-Pyrénées ferraille pour défendre le régime sanguinaire de Benjamin Netanyahou. Révolté par les mandats d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre israélien et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant, il conclut ainsi ce post du 21 novembre 2024 :

« Mais le monde peut dormir tranquille, Israël et les États-Unis, seuls contre tous s’il le faut, continueront à mener le combat pour la démocratie, la liberté et les valeurs de la civilisation occidentale. »

Dans un complet déni de l’ampleur du crime dont il se rend complice, il écrit encore quelques jours plus tard :

« Israël se conforme en tous points aux principes du droit international et du droit de la guerre, n’en déplaise à tous ses contempteurs qui ont choisi d’en faire le coupable même s’il est la victime et l’agressé. Nous sommes face à une mystification et à un usage absolument biaisé du soi disant droit international, que peu de personnes connaissent et que la plupart des états bafouent allègrement, dans l’indifférence générale… sauf quand il s’agit d’Israël (double standard). La question est lourdement documentée. »

Arié Bensemhoun et Elnet France auraient donc raison contre l’ONU, Amnesty International, Human Rights Watch, Médecins sans frontières et bien d’autres organisations de défense des droits humains (donc certaines israéliennes comme B’Tselem) qui parlent de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, de nettoyage ethnique, d’apartheid, etc. ? Les relais de la propagande israélienne maintiendront-ils leur soutien au génocide même si la Cour internationale de justice et la Cour pénale internationale établissent définitivement celui-ci et en condamnent les responsables ? Nous verrons.

En attendant, il faut prendre note des propos accablants, exposer leurs auteurs à la réprobation et refuser l’intimidation des perroquets de Tel-Aviv.

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