Des Echos au Parisien, les marques de presse de Bernard Arnault valorisent l’avenir politique de Gabriel Attal. Unes et sondages exclusifs à l’appui, ces journaux soignent l’image de l’ex-Premier ministre. Après avoir été l’un des sponsors les plus actifs du couple Macron, la première fortune de France a-t-elle trouvé son nouveau poulain ?
Bien qu’ils ne soient pas les seuls à sublimer le parcours politique de Gabriel Attal, les journaux de Bernard Arnault sont en tout cas parmi les plus actifs à miser avec ferveur sur la carrière de ce jeune profil directement issu de la bourgeoisie parisienne.
« Notre sondage sur les municipales à Paris : Gabriel Attal s’invite dans la partie », titre Le Parisien le 17 novembre 2024, dans un article consacré à « celui que l’on annonce tourné vers la présidentielle 2027 ». Sondés par Ipsos pour le journal de Bernard Arnault, les Parisiens seraient ainsi 42 % à considérer que l’actuel patron du groupe des députés Ensemble pour la République ferait « un bon maire » de la capitale, tandis qu’ils ne seraient que 39 % à penser la même chose pour Rachida Dati et 28 % pour Anne Hidalgo.
Notre sondage sur les municipales à Paris : Gabriel Attal s’invite dans la partie
— Le Parisien | politique (@leparisien_pol) November 17, 2024
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Alors qu’il permet de booster l’image de l’ex-Premier ministre dans un climat politique particulièrement tendu, ce sondage renvoie au baromètre de l’institut Elabe réalisé en septembre pour un autre journal de Bernard Arnault : Les Echos. Gabriel Attal y était propulsé à la tête d’un classement des personnalités bénéficiant d’une image positive auprès des Français. « Popularité : Gabriel Attal détrône Edouard Philippe », s’enthousiasmait le quotidien économique.
SONDAGE EXCLUSIF – Popularité : Gabriel Attal détrône Edouard Philippe https://t.co/2QpxNGkg0v
— Les Echos (@LesEchos) September 12, 2024
Le jeune Gabriel dompté par tonton Bernard
Le séjour prolongé d’Emmanuel Macron à l’Elysée arrivant à échéance en 2027, la première fortune de France a tout intérêt à anticiper l’ascension d’un successeur. Comme le révélait une enquête du Monde parue en août 2023, le puissant patron de LVMH a déjà eu l’occasion de façonner le jeune Gabriel en certaines circonstances. Dans son article « Bernard Arnault et les politiques, la puissance d’un groupe au cœur de la République », le quotidien de Xavier Niel rapportait par exemple que Bernard Arnault a approché à plusieurs reprises cette « étoile montante de la Macronie » et lui a fait comprendre certaines règles à respecter. Ainsi, en mai 2023, alors que Gabriel Attal s’engage à renforcer les contrôles fiscaux visant les « ultra-riches », le jeune ministre chargé des Comptes publics va rapidement déchanter…
« Le PDG n’a pas apprécié d’être assimilé à un fraudeur fiscal », rapporte Le Monde qui raconte que la première fortune de France a fait intervenir son fils pour faire passer un message au ministre. Une intervention qui semble avoir porté ses fruits puisque quelques semaines plus tard, Gabriel Attal rétropédale au cours d’un débat proposé par Challenges : « Je ne peux pas laisser dire que les plus riches ne contribuent pas pleinement à la nation. Par exemple, Bernard Arnault – son entreprise et lui-même – est le plus gros contribuable français : 5 milliards d’euros payés par an. LVMH embauche des milliers de personnes chaque année, produit quasi exclusivement en France, exporte 90% de sa production et paye 50% de son impôt en France. »
Cité par Le Monde, le puissant patron de LVMH se félicitait d’avoir influencé Gabriel Attal lors de cet épisode : « J’ai protesté auprès de lui. Et d’ailleurs vous observerez que, à la suite de ma protestation, il a rectifié de lui-même. », se vantait-t-il en effet auprès du quotidien français.
Bernard Arnault et les politiques, la puissance d’un groupe au cœur de la République https://t.co/OnimEnWtDt
— Le Monde (@lemondefr) August 8, 2023
Ce rétropédalage de Gabriel Attal lors d’un débat organisé par Challenges est à rapprocher du fait que l’hebdomadaire est partiellement détenu par Bernard Arnault depuis l’entrée au capital de LVMH dans le groupe Perdriel, fin 2020. En tout état de cause, le propriétaire du groupe, Claude Perdriel qui est aujourd’hui âgé de 98 ans, serait sous le charme de Gabriel Attal depuis plusieurs années, selon nos informations. L’industriel français verrait en effet en Gabriel Attal un profil jeune et dynamique qui pourrait être présidentiable à défaut de l’émergence d’une figure sociale-démocrate.
Attal, la relève d’un Macron « complètement paumé » ?
Cet engouement des médias de Bernard Arnault pour Gabriel Attal intervient simultanément aux difficultés rencontrées par Emmanuel Macron depuis la mise en place du nouveau gouvernement Barnier, dont Le Parisien s’était fait l’écho début novembre, en s’interrogeant sur une crise de confiance inédite, jusqu’au plus haut niveau de l’État, visant le président de la République.
« Macron, il a l’air paumé, on ne comprend pas ce qu’il fait » ; « Il avait l’air isolé au moment du choix de Barnier »… C’est en ces termes que plusieurs ministres en poste s’étaient en effet confiés au journal de Bernard Arnault.
Emmanuel Macron, l’isolé de l’Élysée : « Il a l’air paumé, on ne comprend pas ce qu’il fait »
— Le Parisien | politique (@leparisien_pol) November 3, 2024
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« Les ministres du nouveau gouvernement, même si certains macronistes historiques arborent toujours leur fidélité en bandoulière […], ne se sentent plus sous la coupe du chef de l’État », analyse le quotidien qui a recueilli plusieurs témoignages directs au sein du pouvoir exécutif. « « Je suis allé voir une fois le conseiller à l’Élysée qui suit mon thème, juste pour qu’on fasse connaissance, je n’y retournerai plus« , lâche un membre de l’équipe gouvernementale, tandis qu’un autre assure carrément : « Il nous a été demandé de ne pas remonter nos échanges internes à l’Élysée » », rapporte encore le quotidien qui n’a pourtant pas pour habitude d’écorcher l’image du chef de l’État.
Bernard Arnault, sponsor historique du couple Macron…
Au lendemain de l’arrivée au pouvoir du fondateur d’En Marche !, Le Parisien avait pourtant consacré au futur locataire de l’Elysée une quinzaine de pages, s’extasiant en une sur « La sensation Macron ».
(La une du Parisien, le 24 avril 2017)
Pour rappel, la première fortune de France figure parmi les premiers sponsors historiques du couple Macron. Depuis qu’Emmanuel est ministre de l’Economie, Brigitte est régulièrement et gratuitement habillée par LVMH. « Tout a commencé à l’été 2015, quand Delphine Arnault, directrice adjointe de Vuitton, a soufflé quelques conseils vestimentaires pour les apparitions publiques de celle qui n’était encore que la femme du ministre de l’Economie. Aujourd’hui c’est le service VIP de LVMH (gratuit) qui s’y colle. » (Challenges, mars 2017)
LVMH était également ces dernières années l’unique financeur de LIVE. « [Il s’agit d’] une association d’insertion professionnelle pour adultes présidée par Brigitte Macron [et] surtout financée par LVMH », rapportait Capital, le 20 septembre 2024, dans son article « Qu’est-ce que LIVE, ce campus inauguré par Brigitte Macron et Bernard Arnault ? »
En partenariat avec l’EDHEC et l’Institut des Vocations pour l’Emploi (LIVE), le Campus Jean Arnault a été inauguré à Roubaix ce matin par Brigitte Macron, Présidente de LIVE, Bruno de Pampelonne, Président de l’EDHEC, et Bernard Arnault.https://t.co/Q7pyKcbVkp pic.twitter.com/yoKhqgAuXw
— LVMH (@LVMH) July 9, 2021
Le patron de LVMH a en outre activement accompagné l’ascension au pouvoir de l’ex-associé-gérant de la banque Rothschild. « Tissés quand Emmanuel Macron était secrétaire général adjoint de l’Elysée, leurs liens se sont renforcés grâce à leurs épouses, qui se croisent à Franklin, le très chic lycée jésuite dans l’ouest de Paris, où Brigitte enseigne à deux des cinq enfants Arnault », relate Le Monde dans son enquête mentionnée plus haut. Enquête qui montre notamment comment le groupe de luxe s’est adjoint les services des meilleurs collaborateurs du président et qu’à l’inverse, Jean-Charles Tréhan, « l’homme de confiance du PDG qui fait la pluie et le beau temps sur les médias du groupe », a été approché par l’Elysée en 2019, quand Macron cherchait un nouveau communicant…
En tout état de cause, les liens étroits entre Bernard Arnault et Emmanuel Macron expliquent que le premier a longtemps personnellement veillé à soigner l’image du second, dans les médias qu’il possède, parmi lesquels Le Parisien : « Il y a eu ce titre jugé impertinent lorsque Emmanuel Macron a attrapé le Covid (« Macron reconnaît un moment de négligence », disait la « une »), qui a valu à son directeur de la rédaction, Jean-Michel Salvator, une convocation avenue Montaigne. « Si vous ne vous sentez pas capable de faire ce job, on va trouver quelqu’un qui le sera », l’avertit Bernard Arnault », toujours selon Le Monde.
Attal, nouveau chouchou d’Arnault face à un chef d’Etat fragilisé ? L’enthousiasme médiatique autour de l’ex-Premier ministre de Macron s’étend au-delà des seules colonnes du Parisien ou des Echos, et peut être observé jusque dans l’audiovisuel public. « C’est un homme en construction, il est jeune, faut pas lui demander non plus de tout savoir tout de suite ! Mais c’est vrai qu’il a quelques marqueurs : l’Education, c’est un ministre qui lui a été cher […] il y a quelque chose qui le structure », s’enthousiasmait-on fin octobre sur le plateau des informés, émission quotidienne de France info. Façon de montrer qu’Attal pourrait être, au fond, un digne successeur d’Emmanuel Macron ?
Les marqueurs de Gabriel Attal, selon les bavards de France Info, c’est l’éducation, la laïcité et l’attachement aux valeurs de la République.
— Marcel (@realmarcel1) October 30, 2024
En réalité, il a passé quelques mois à brasser de l’air à l’éducation nationale et réglé un problème imaginaire en interdisant l’abaya 👏 pic.twitter.com/DZCTqqznWx
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