Une purge. Sur les chaînes de radio et télévision publiques, éditorialement pressurisées par l'exécutif, de nombreuses émissions dédiées à l'environnement ne seront pas renouvelées à la saison prochaine. Et la répression des défenseurs de la planète est (trop) souvent invisibilisée.
La liberté d’informer sur les problématiques environnementales se réduit à mesure que l'urgence climatique augmente. Cela commence en début de chaîne : au sein de l’Agence France Presse (AFP). Basée place de la Bourse, à Paris, elle est censée, grâce à son réseau de correspondants locaux, produire de l’information pour qu’elle soit reprise par la presse nationale, les radios et chaînes de télévision. « Avant la manifestation de Sainte-Soline, j’ai proposé au chef d’édition de l’AFP une longue enquête sur les mégabassines. Je proposais d’expliquer les différents enjeux économiques, hydrologiques, sociaux dus à la privatisation de l’eau », raconte un journaliste de l’agence qui a souhaité garder l’anonymat par peur des représailles. « Mon chef m’a répondu : “On ne prend pas parti. On ne fait pas dans le militantisme, ce n’est pas le rôle de l'AFP que de rentrer dans les détails". Il voulait en rester à interroger la Confédération paysanne d’un côté et la FNSEA, de l’autre côté », conclut ce confrère désabusé.
En 2022, inquiets de l'incapacité des grands médias à prendre la mesure de l'urgence écologique, un collectif d’une trentaine de journalistes avait rédigé une « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique ». En quelques mois, elle a été signée par 1 800 journalistes et par des dizaines de rédactions et organisations. Mais dans un contexte ou la macronie n'a plus de majorité au parlement et ou elle multiplie les entraves éditoriales, la situation se dégrade dans l’audiovisuel public.
La planète "à la trappe" sur Radio France
Ces dernières semaines, Radio France a annoncé que des émissions dédiées à l’écologie ne seront pas reconduites en septembre prochain. Ce sera les cas de « C’est bientôt demain », l’émission hebdomadaire de France Inter, présentée par Antoine Choa, qui parle des luttes écologiques. Ou encore de « Planète bleue », le magazine radio sur le vivant et ses défenseurs, produit par Benoît Prospero, diffusé tous les week-ends sur France Bleu. Le média indépendant Reporterre, participait à la réalisation de ce dernier. Une autre émission de France Inter sur l’écologie, « La terre au carré » de Mathieu Vidard, a failli être elle aussi supprimée. Des négociations sont en cours pour une nouvelle formule « moins anxiogène ». Contactée par Off Investigation, la direction de Radio France ne nous a pas répondu sur la suppression de ces émissions.
Pour demander son maintien, Agir pour l'Environnement, une association de mobilisation citoyenne en faveur de la protection de l’environnement, a lancé une pétition en ligne. Elle a été signée par près de 36 000 personnes. En parallèle, une autre pétition, lancée sur Change.org a recueilli plus de 40 000 signatures. Elle précise : « Selon le rapport du GIEC 2018, nous avons moins de douze ans pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C (source : GIEC). Dans ce contexte urgent, il est essentiel que des programmes comme "La Terre au Carré" soient diffusés plus largement pour sensibiliser le public aux enjeux environnementaux ».