Pablo Crosnier
La Cour d'appel de Paris a finalement renvoyé Vincent Bolloré devant la justice pour des faits de corruption en Afrique. En 2021, dans le cadre d'une procédure de "plaider-coupable" le milliardaire breton contrôlant Canal +, C8, CNews, Paris Match, Europe 1, le JDD, etc... avait reconnu avoir corrompu les présidents togolais et guinéen, Faure Gnassingbé et Alpha Condé pour les concessions des ports de Lomé et Conakry. Mais ses aveux ne pourront être retenus dans le dossier.
Depuis des mois, le milliardaire breton est accusé de corruption dans le cadre de l'attribution des concessions des ports de Lomé et Conakry. Il aurait permis l’accession au pouvoir de dirigeants en échange du contrôle de ces ports de fret. Engagé en 2021 dans un accord de « plaider-coupable » négocié avec le parquet national financier (PNF), Vincent Bolloré avait reconnu devant la juge Isabelle Prévost Desprez les faits de corruption qui lui étaient reprochés. Celle-ci avait alors validé la procédure de "plaider coupable" pour son groupe, mais l'avait refusé pour lui même, évoquant des faits trop graves. La Cour d’appel de Paris a confirmé le 21 mars 2023, le renvoi devant les tribunaux de Vincent Bolloré mais a annulé des pièces du dossier.
Vincent Bolloré : faiseur de rois
En 2013, une enquête est ouverte contre le groupe Bolloré pour des activités de corruption en Afrique. Le milliardaire breton aurait favorisé la réélection du président togolais Faure Gnassingbé et permis l’élection du président guinéen Alpha Condé, contre des promesses de contrats. Au centre de ce pacte de corruption : le groupe Havas, filiale de Vivendi détenue à 29% (fin 2021) par le groupe Bolloré. Havas, groupe mondial de communication, dirigé par Yannick Bolloré a accompagné le président-candidat togolais pendant sa campagne de 2010 ainsi qu'Alpha Condé, alors candidat en Guinée-Conakry. En plus de leurs stratégies de communication, le groupe Havas devait prendre en charge une grande partie des coûts de conseil par à un mécanisme de sous-facturation. Dans la balance : les concessions des ports de Lomé et Conakry. Au Togo, le port de Lomé est l'un des plus importants de la région, est un des rares ports qui n’est pas détenu par le groupe français. L’installation portuaire de Lomé est le poumon économique de la région, et le seul port en haut profonde de la zône.